

Vingt-quatre heures après le début de la gigantesque panne électrique qui a paralysé l’Espagne et le Portugal, la justice espagnole a annoncé mardi 29 avril l’ouverture d’une enquête pour déterminer si elle avait été provoquée ou non par un « sabotage informatique ».
« Le juge de l’Audience nationale, José Luis Calama, a ouvert une enquête préliminaire pour déterminer si la panne de courant survenue hier dans le réseau électrique espagnol qui a affecté tout le pays, pourrait être un acte de cyber-sabotage contre des infrastructures critiques espagnoles et, si tel est le cas, pourrait être qualifiée de délit terroriste », a fait savoir la justice dans un communiqué envoyé à l’Agence France-Presse. Tout au long de la matinée mardi, les autorités portugaises et espagnoles ont fait savoir que la piste de la cyberattaque était écartée pour le moment.
« Au vu des analyses que nous avons pu réaliser jusqu’à présent, nous pouvons écarter un incident de cybersécurité dans les installations du réseau électrique », a assuré à la mi-journée Eduardo Prieto, directeur des opérations du gestionnaire de Red eléctrica de España (REE), le réseau électrique espagnol.
Une piste également exclue par le gouvernement portugais, même si les causes de cet événement inédit restent encore à préciser, REE ayant évoqué une « forte oscillation des flux de puissance » sur le réseau électrique « accompagnée d’une perte de production très importante », un phénomène ayant entraîné la déconnexion du système espagnol du réseau européen.
Selon M. Prieto, le système électrique espagnol, qui avait été remis en marche à plus de 99 % mardi matin, était à la mi-journée pleinement opérationnel, comme le réseau portugais, selon son opérateur, Redes energéticas nacionais (REN).
Des conséquences jusqu’au Groenland
Cette panne géante est survenue à la mi-journée lundi et pourrait avoir eu des conséquences jusqu’au Groenland, dont une partie a été privée lundi soir de tous ses moyens de télécommunications en partie gérés de l’Espagne. Au Maroc, également touché par la panne ibérique, les connexions Internet d’Orange et les systèmes d’enregistrement et d’embarquement des aéroports marocains étaient aussi de nouveau opérationnels mardi.
Après une réunion du conseil de sécurité nationale, le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a annoncé mardi la mise en place d’une commission d’enquête sur les causes de la gigantesque panne. Celle-ci sera pilotée par le ministère de la transition énergétique. Toutes « les mesures nécessaires seront prises pour que cela ne se reproduise pas », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse, affirmant qu’il allait placer les « opérateurs privés » du secteur électrique devant « leurs responsabilités ».
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M. Sanchez a également salué le civisme des habitants, touchés par cette importante panne. « Ce que l’Espagne a démontré ces dernières vingt-quatre heures, outre la rapidité du rétablissement du réseau électrique, c’est qu’elle dispose d’une population admirable. Hier, notre pays a de nouveau été confronté à une situation critique, et la réponse des citoyens a été à la hauteur », s’est-il réjoui.
Embouteillages monstres
Le retour du courant a permis de rétablir le trafic ferroviaire sur plusieurs grands axes, dont Madrid-Séville et Madrid-Barcelone, selon la compagnie nationale Renfe. Mais le trafic reste cependant suspendu sur plusieurs autres grandes lignes, les autorités ayant donné la priorité au rétablissement des trains suburbains. D’après le ministre des transports, Oscar Puente, trois trains étaient encore bloqués mardi matin en Espagne avec des passagers à bord. A la gare d’Atocha, à Madrid, la situation restait compliquée avec une foule de passagers attendant désespérément leur train.
A Madrid, bars et magasins ont rouvert progressivement leurs portes mardi matin, reprenant une activité normale après avoir dû pour la plupart fermer leurs portes dans la précipitation lundi. La plupart des écoles ont également accueilli normalement les élèves, même si le système espagnol très décentralisé laisse une grande latitude aux différentes régions pour trancher ces questions.
A Madrid comme à Barcelone, des milliers d’habitants ont dû traverser patiemment la ville lundi, tentant de rentrer chez eux à pied au milieu d’embouteillages monstres. De longues files improvisées se sont étirées sur plusieurs centaines de mètres aux arrêts de bus. Dans la seule région de Madrid, près de 300 personnes se sont retrouvées piégées à l’intérieur des ascenseurs, selon les autorités régionales.