

La cour administrative d’appel de Bordeaux a confirmé vendredi 26 septembre la nette réduction des volumes autorisés pour l’irrigation agricole dans le Marais poitevin, fragilisant un vaste projet de construction de « bassines », des retenues d’eau contestées.
Selon les juges, les niveaux de prélèvements accordés par l’Etat en 2021, pour une durée de cinq ans, ont « un caractère excessif » qui ne « permet pas de garantir une gestion équilibrée et durable » de l’eau dans « des territoires marqués par une insuffisance structurelle de la ressource ».
En juillet 2024, le tribunal administratif de Poitiers avait annulé, pour le même motif, cette autorisation délivrée jusqu’en 2026, ordonnant de réduire les prélèvements à venir d’environ un quart par rapport à ceux accordés initialement.
L’Etat avait interjeté appel du jugement de première instance, quelque 800 membres et représentants du monde agricole local s’associant à son recours, rejeté vendredi par la cour administrative.
« Catastrophe économique et sociale »
Pour les agriculteurs entendus à l’audience, au début de septembre, cette restriction de l’irrigation va « entraîner une catastrophe économique et sociale » et mettre en péril la « survie » et la « transmission » de leurs fermes.
« Le contentieux n’a pas été lancé contre les agriculteurs, mais parce que le retard de la transition agro-écologique est préjudiciable à l’environnement », avait argué à la barre l’association Nature Environnement 17, à l’origine de la procédure.
Dans sa décision, la cour a rejeté également la demande de l’Etat d’attribuer un volume d’eau supplémentaire pour remplir 16 retenues agricoles – appelées « bassines » par leurs opposants – prévues dans le Marais poitevin.
Ces réserves dites de substitution sont destinées à stocker de l’eau, puisée dans les nappes superficielles l’hiver, afin de limiter les prélèvements dans le milieu naturel pour l’irrigation durant l’été. Dans ce programme collectif porté par un groupement de 450 agriculteurs, seules quatre retenues ont pour l’heure été construites sur fond de contestations sur le terrain et devant les tribunaux.
La diminution générale des prélèvements va nécessiter de « redéfinir les volumes » attribués aux irrigants et affecter « des équilibres fragiles financièrement », redoutait cette semaine l’agriculteur Thierry Boudaud, qui préside la coopérative partie prenante de la répartition de l’eau sur le territoire poitevin.