La garde nationale envoyée à Chicago par la Maison Blanche, mais bloquée à Portland par une décision de justice

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Des agents fédéraux tentent de repousser des manifestants devant un centre de la police de l’immigration américaine, à Portland (Oregon), le 4 octobre 2025.

Chicago est devenue, samedi 4 octobre, la cinquième ville américaine démocrate où le président Donald Trump a ordonné le déploiement de la garde nationale, une mesure avant lui tout à fait exceptionnelle.

« Le président Trump a autorisé 300 gardes nationaux à protéger les agents et biens fédéraux » à Chicago, dans l’Illinois, a annoncé sa porte-parole Abigail Jackson, ajoutant que le dirigeant républicain « ne détournera pas le regard de l’état de non-droit qui affecte les villes américaines ».

Cette annonce a été vivement critiquée par le sénateur démocrate de cet Etat du nord du pays, Dick Durbin, qui l’a jugée totalement injustifiée et a estimé que le « président ne cherche pas à combattre la criminalité, mais à répandre la peur ».

Les gardes nationaux ont déjà été déployés ces derniers mois à Los Angeles, Washington et Memphis, à chaque fois malgré l’opposition des responsables locaux qui ont estimé qu’une telle mesure ne se justifiait aucunement.

« Insurrection » judiciaire

Un déploiement similaire à Portland a toutefois été bloqué samedi à titre temporaire par une juge fédérale. M. Trump avait assuré que la ville de l’Oregon où des manifestations contre la police de l’immigration ont lieu depuis des mois, est « ravagée par la guerre ».

Mais dans un document de 33 pages, la juge Karin J. Immergut souligne que ces mouvements de protestation, dans cette ville de l’ouest du pays, ne présentent pas de « danger de rébellion » et peuvent être gérés par les « forces de l’ordre régulières ». Les fonctionnaires fédéraux ont en conséquence « temporairement interdiction » d’y déployer la garde nationale, a-t-elle statué. Cette décision expire le 18 octobre.

Le chef de cabinet adjoint de M. Trump, Stephen Miller, a avancé sur X que cette décision constituait une « insurrection » judiciaire et a accusé les dirigeants de l’Oregon de mener une « attaque terroriste organisée contre le gouvernement fédéral ».

Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité absolue de son second mandat depuis son retour à la Maison Blanche en janvier. Il affirme que les Etats-Unis sont victimes d’une « invasion » de « criminels venus de l’étranger » et communique abondamment sur les expulsions.

Plusieurs manifestations et actions contre la police de l’immigration (ICE) ont eu lieu dans le pays dernièrement, notamment dans les villes dites « sanctuaires » telles que Portland ou Chicago, où les migrants en situation irrégulière et menacés d’expulsions sont protégés.

« Il n’y a pas d’insurrection, il n’y a pas de menace pour la sécurité nationale, et il n’y a pas besoin de troupes militaires dans notre grande ville », a clamé la gouverneure de l’Oregon, Tina Kotek, avant d’appeler le public à « ne pas mordre à l’hameçon » en s’engageant dans des violences ou des dégradations.

Un front démocrate contre la militarisation des villes

Saluant la décision judiciaire, le sénateur démocrate de l’Oregon Ron Wyden estime qu’elle vient confirmer « ce que les habitants de l’Oregon savent déjà : nous ne voulons pas que Donald Trump provoque la violence en déployant des troupes fédérales dans notre Etat ».

Les démocrates présentent un front uni contre de tels déploiements. Les gardes nationaux, réservistes de l’armée, sont formés pour intervenir sur des catastrophes naturelles mais ils peuvent également combattre à l’étranger. Donald Trump menace d’envoyer des militaires également à New York ou Baltimore, d’autres grandes villes démocrates.

A Chicago, des forces du département de la sécurité intérieure ont dit samedi avoir été contraintes d’ouvrir le feu sur une automobiliste « armée » qui avait embouti leur fourgon, la blessant.

Le Monde avec AFP

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