

La France déconseille « fortement » à ses ressortissants de se rendre au Tigré, région troublée du nord de l’Ethiopie où des « affrontements internes » entre deux factions du parti local font craindre un retour imminent de la guerre.
La région a été le théâtre, entre novembre 2020 et novembre 2022, d’un des conflits les plus violents des dernières décennies entre les forces fédérales, appuyées par des milices locales et l’armée érythréenne, et les rebelles tigréens. Cette guerre a entraîné la mort d’au moins 600 000 personnes au Tigré, une région qui compte environ 6 millions d’habitants, selon l’Union africaine (UA). Les armes se sont finalement tues après un accord de paix signé à Pretoria, en Afrique du Sud.
Mais depuis plusieurs mois, les divisions sont vives au sein du Front populaire de libération du Tigré (TPLF), un parti autrefois hégémonique en Ethiopie, du fait des retards sur la mise en œuvre de l’accord. Un haut cadre du parti, Getachew Reda, placé à la tête d’une administration intérimaire par les autorités fédérales, s’oppose au numéro un du TPLF, Debretsion Gebremichael.
« Compte tenu des affrontements internes en cours au Tigré, notamment à Adigrat [deuxième ville de la région] et dans la capitale régionale, Makalé, tout déplacement dans l’ensemble de la région du Tigré est désormais formellement déconseillé », a averti le ministère français des affaires étrangères sur son site Internet, mercredi 12 mars, ajoutant qu’il est « demandé aux ressortissants français de passage de quitter le Tigré dans les meilleurs délais ». Paris a également demandé aux ressortissants français au Tigré de « constituer des stocks de sécurité (nourriture, eau, médicaments, éventuellement carburant) et de faire preuve de la plus grande prudence ».
Mardi, l’administration intérimaire du Tigré a annoncé le renvoi de trois haut gradés des Forces de défense tigréennes (TDF). Mais la décision n’a pas été reconnue par Debretsion Gebremichael. Le même jour, les forces fidèles à ce dernier ont pris le contrôle d’Adigrat. « La ville est soumise à une tension renouvelée, la population craint de revenir aux mauvais jours de la période de guerre », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) un habitant de la ville ayant requis l’anonymat. Mercredi, l’administration intérimaire a demandé au gouvernement éthiopien d’« apporter une assistance nécessaire », sans donner plus de détails sur la forme de cette assistance. Les autorités fédérales ne se sont pour l’heure pas prononcées.
La diplomatie française a également enjoint d’« éviter tout déplacement non indispensable » dans le nord de la région Afar, frontalière de l’Erythrée, alors que les tensions sont vives entre les deux voisins de la Corne de l’Afrique.