« La France accepterait-elle, sans réagir, de devenir l’exécutrice d’une politique insensée venue des Etats-Unis ? »

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Un stock de plusieurs millions de doses de contraceptifs, estimé à 9,7 millions de dollars [environ 8,471 millions d’euros], financé par l’Usaid, l’Agence américaine pour le développement international, et utilisable jusqu’en 2031, est en cours d’incinération en France.

Ces produits, initialement destinés à des femmes en grande précarité dans les pays du Sud, seront détruits pour des raisons purement idéologiques, à la demande de l’administration Trump. Le prestataire chargé de l’incinération reste à ce jour non identifié. Ce gâchis humain et écologique doit être stoppé immédiatement

Pourquoi ? Parce que l’administration américaine, dans une logique aveuglée de retour idéologique, a ordonné leur destruction à l’occasion du démantèlement de l’Usaid, refusant même de céder ce stock à des organisations non gouvernementales, prêtes à l’acheminer et à le distribuer. Il ne s’agit ni d’un problème sanitaire ni d’un problème logistique. C’est un choix politique, radical.

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Le programme logistique de l’Usaid, habituellement opéré par Chemonics, semble lié à cette opération, sans certitude, car ni le nom du prestataire logistique ni celui de l’incinérateur n’ont été rendus publics. Le stock, jusque-là entreposé en Belgique, a été convoyé en France à la fin juillet, par une dizaine de camions. Le lieu exact de l’incinération reste volontairement non déclaré. L’entreprise chargée du traitement des déchets médicaux n’est pas identifiée, malgré l’ampleur de l’opération.

Quatre grands opérateurs français du traitement de déchets ont été sollicités pour savoir s’ils étaient impliqués dans cette opération. Trois nous ont répondu qu’ils n’étaient pas concernés. En revanche, Suez n’a pas répondu à nos demandes, malgré les enjeux éthiques soulevés.

Une aberration économique et écologique

En tant qu’ONG actives dans plusieurs pays africains, nous savons ce que signifie une rupture de stock de contraceptifs : des grossesses non désirées, des enfants abandonnés, des avortements non médicalisés, des filles exclues de l’école à 12 ans, des femmes enfermées dans des maternités subies… La France accepterait-elle, sans réagir, de devenir l’exécutrice d’une politique insensée venue d’outre-Atlantique ?

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