la démission du premier ministre Humza Yousaf, aggrave la crise au sein du parti indépendantiste SNP

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Le premier ministre écossais, Humza Yousaf, et son épouse, Nadia El-Nakla, à leur départ de Bute House, à Edimbourg, après l’annonce de sa démission, le 29 avril 2024.

La politique écossaise est dans la tourmente. Humza Yousaf, le premier ministre de cette nation du Royaume-Uni, a annoncé sa démission, lundi 29 avril, depuis Bute House, la résidence des dirigeants écossais à Edimbourg. A 39 ans, le député de Glasgow quitte aussi la tête du parti indépendantiste SNP. En fonctions depuis à peine un an, en remplacement de la très charismatique Nicola Sturgeon, Humza Yousaf était à court d’options : il faisait face à deux votes de confiance, l’un contre son gouvernement, l’autre contre lui-même, qu’il était quasiment sûr de perdre.

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Le départ de cet homme affable, premier dirigeant d’une nation européenne de religion musulmane, aggrave la crise interne au SNP provoquée par les ennuis judiciaires de Mme Sturgeon et de son mari, Peter Murrell – ce dernier vient d’être inculpé pour détournements de fonds. Il pourrait même conduire à des élections écossaises anticipées, si le mouvement nationaliste ne parvient pas à trouver dans les jours qui viennent de chef de file à même de rassembler une majorité à Holyrood, le Parlement régional écossais.

Humza Yousaf est en grande partie responsable de sa propre chute. Il l’a provoquée en mettant fin unilatéralement, le 25 avril, à la coalition que formait le SNP avec les Verts depuis 2021 – de peur peut-être que ces derniers le prennent de court en y renonçant avant lui. Le contentieux entre les deux mouvements s’était aggravé depuis que le premier ministre avait publiquement renoncé, mi-avril, à l’objectif très ambitieux d’une réduction de 75 % des émissions de gaz à effet de serre en Ecosse d’ici à 2030, par rapport au niveau de 1990.

Evincés sans ménagement du gouvernement, les ministres Verts Patrick Harvie et Lorna Slater se sont ralliés à la motion de censure déposée contre M. Yousaf par les conservateurs écossais et soutenue par tous les autres partis d’opposition. Il restait bien un joker à Humza Yousaf : convaincre Ash Regan de le soutenir. L’ex-députée SNP était passée au petit parti Alba créé par l’ancien premier ministre Alex Salmond, mentor de Nicola Sturgeon devenu son plus féroce ennemi. Mais l’élue demandait un prix jugé probablement inacceptable pour son ralliement : remettre notamment la « protection des femmes » au cœur des priorités du gouvernement écossais, Alba reprochant au SNP une politique trop en défense des droits des personnes transgenres.

Maladresses

Après avoir mis fin à la coalition avec les Verts, « mon souhait était de continuer à travailler de manière informelle avec eux, mais j’ai clairement sous-estimé le mal que je leur ai fait », a déclaré Humza Yousaf, lundi, avouant avec humilité son erreur de jugement. Les questions sur le sens politique du dirigeant se posaient depuis déjà quelques années. Apprécié pour ses qualités d’orateur et le symbole d’intégration qu’il représentait, Humza Yousaf a enchaîné les maladresses. Au poste de ministre de la justice de Nicola Sturgeon, il a notamment défendu une loi sur les crimes haineux (entrée en vigueur le 1er avril) décriée comme une menace à la liberté d’expression.

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