La course de chars à Rome, l’ancêtre du sport business

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Dissipons d’emblée un malentendu fréquent. Derrière l’expression « jeux du cirque » à Rome, ludi circenses en latin, on trouve essentiellement les courses de chars, et non les célèbres combats de gladiateurs, désignés par le terme de munera. Plutôt Ben-Hur avec Charlton Heston que Gladiator avec Russell Crowe, donc. Mais deux millénaires avant les stars hollywoodiennes, la Ville éternelle dispose déjà de ses propres étoiles dans une discipline structurée comme l’ancêtre du « sport business ».

Les activités diffèrent et les lieux aussi : là où les gladiateurs s’affrontent dans un amphithéâtre – à Rome, le Colisée –, les courses se déroulent dans un hippodrome de forme très allongée. « Le Grand Cirque [le Circus Maximus] de Rome mesure 600 mètres de long pour 150 mètres de large. Il se distingue d’un stade grec par la présence d’un mur-barrière axial autour duquel on tourne, décrit Jean-Paul Thuillier, professeur émérite à l’Ecole normale supérieure et historien du sport antique. Ce mur est terminé à ses deux extrémités par une borne, le point crucial de la course car les chars la serrent au plus près, avec le risque que les roues s’y fracassent. » Un peu comme dans un Grand Prix de formule 1, où les pilotes, pour emprunter la meilleure trajectoire, frôlent les rails de sécurité.

Un petit tour à Rome (ou à défaut sur Google Maps) le confirme : le Grand Cirque porte bien son nom. Sous l’Empire, ce Circus Maximus peut accueillir 150 000 spectateurs, soit davantage que n’importe quel stade actuel ; à titre de comparaison, le Stade de France a une capacité de « seulement » 80 000 places. La passion pour les courses de chars est un héritage des Etrusques, qui a essaimé par la suite dans tout le monde romain. En Afrique du Nord par exemple, le cirque de Carthage (Tunisie) ne se devine plus qu’à peine, mais celui de Leptis Magna (Libye) est bien conservé. « En Gaule, ajoute Jean-Paul Thuillier, il y avait un cirque à Arles, à Lyon et un autre à Vienne dont il ne subsiste qu’une pyramide. »

Si l’épreuve la plus populaire met en lice des quadriges, chars à quatre chevaux, existent également d’autres formats tels que les biges (deux chevaux) et les triges (trois), privilégiés par les Etrusques. Les textes et l’iconographie de l’Antiquité permettent de reconstituer le déroulement de la course à laquelle quatre factions, c’est-à-dire quatre clubs, participent : les Rouges, les Bleus, les Blancs et les Verts. Suivant les cas, chaque faction aligne un, deux ou trois quadriges. Jusqu’à douze chars peuvent donc concourir.

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