la clé de la paix réside ­­dans l’après-Nétanyahou

| 4 574


Le 17 juin 2024, des Israéliens manifestent devant le parlement à Jérusalem, demandant des élections anticipées et le départ de Benyamin Nétanyahou, en marge du conflit en cours dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas.

Frédéric Encel est docteur en géopolitique, maître de conférences à Sciences Po Paris et directeur de thèse à l’Institut français de géopolitique, il a fondé la collection « Géopolitiques » aux PUF et les Rencontres géopolitiques de Trouville-sur-Mer. Il est notamment l’auteur des Voies de la puissance (prix Histoire-Géo de l’Académie des sciences morales et politiques, Odile Jacob, 2022).

Ziad Majed est docteur en sciences politiques, diplômé de Sciences Po Paris, professeur associé à l’université américaine de Paris et responsable du programme des études du Moyen-Orient. Spécialiste des transitions politiques et des conflits, il a notamment publié Dans la tête de Bachar Al-Assad, coécrit avec Subhi Hadidi et Farouk Mardam-Bey (Actes Sud, 2018).

Le 7 octobre 2023 a provoqué un séisme dans la région et au-delà. Comment en est-on arrivé là ?

Frédéric Encel : Ce gigantesque pogrom, cet acte barbare et antisémite visait non seulement des juifs en tant que tels, mais aussi un projet – conforme à la Charte originelle du Hamas – consistant à les délégitimer et à les animaliser… Ce massacre a été perpétré par un mouvement islamiste radical, issu de la mouvance extrémiste des Ikhwan, les Frères musulmans, confrérie antisémite, homophobe et misogyne à incandescence qui aurait pu se contenter de commettre un coup de force militaire. Après tout, Israël est considéré comme une puissance occupante, même si à Gaza on peut toujours en débattre. Or, le Hamas ne s’est pas contenté d’une opération militaire, mais il a perpétré un véritable carnage sur des civils, qu’il assume du reste, même de manière fluctuante. Enfin, il a toujours cherché à casser toute possibilité de promotion de l’Autorité palestinienne (AP), qui, en droit international, est la seule entité à représenter le peuple palestinien, puisque le Hamas a tout fait pour torpiller, en même temps que l’extrême droite israélienne, les accords d’Oslo de 1993, par, déjà, des attentats très meurtriers dans les ­quartiers exclusivement juifs des cités israéliennes.

Ziad Majed : Politiquement, le 7 octobre a forcé un retour de la question palestinienne sur la scène internationale. Sur le terrain, une description des attaques du Hamas permet de dire qu’il y avait deux phases. La première, légitime, celle de l’attaque contre des positions militaires israéliennes qui imposent un blocus contre Gaza depuis 2007. La seconde comprend des crimes de guerre, puisque ciblant des civils en tant que tels. Par ailleurs, je pense que parler d’antisémitisme comme motif principal des attaques occulte le contexte, le droit international, et ne permet pas de comprendre l’évolution de ce que l’on appelle « conflit israélo-palestinien », d’autant plus que le 7 octobre n’est ni le début de ce conflit ni sa fin.

Il vous reste 89.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link