Attendant avec fébrilité la remise des corps d’Ariel et Kfir Bibas, âgés de quatre ans et huit mois, et celui de leur mère, Israël était sous le choc, vendredi 21 février, après l’annonce de l’armée israélienne affirmant qu’un des cadavres rendus par le Hamas n’était pas celui de Shiri Bibas.
Pourtant, le mouvement islamiste palestinien avait annoncé rendre les dépouilles des trois membres de la famille – en plus de celui d’Oded Lifshitz, âgé de 83 ans au moment de son enlèvement, le 7 octobre 2023. Affirmant que le corps en question était celui d’une femme de Gaza, et non celui de Shiri Bibas, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou a accusé le mouvement islamiste d’« un acte d’un cynisme indescriptible ».
« Ils n’ont pas rendu Shiri à ses petits anges. Au lieu de cela, ils ont placé le corps d’une femme de Gaza dans le cercueil », a-t-il fustigé, promettant d’agir « avec détermination pour ramener Shiri à la maison ainsi que tous nos otages, les vivants et les morts ». M. Nétanyahou a aussi appelé à ce que le Hamas « paie le prix de cette violation cruelle et perverse de l’accord », alors qu’un nouvel échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens est attendu samedi.
Le Hamas, qui avait affirmé en novembre que Shiri Bibas et ses enfants avaient été tués dans une frappe israélienne, a admis « la possibilité d’une erreur ou d’un mélange de corps », accusant M. Nétanyahou d’« essayer d’améliorer son image ». « Nous appelons dans le même temps au retour du corps dont l’occupation affirme qu’il s’agit d’une femme palestinienne », a ajouté le Hamas.
Le Forum des familles d’otages « bouleversé »
De son côté, la famille Bibas a dit « attendre » le retour de Shiri, dans une vidéo publiée sur X par le Forum des familles d’otages et des disparus, avant de fustiger les actions menées par M. Nétanyahou. « Premier ministre Benyamin Nétanyahou, nous n’avons même pas reçu d’excuses de votre part en ces temps difficiles », ajoute-t-elle. « Nous ne cherchons pas à nous venger maintenant, nous voulons Shiri. »
Par ailleurs, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a déclaré vendredi qu’« Ariel et Kfir [Bibas] n’[avaient] pas été tués dans une frappe » israélienne, comme l’affirme le Hamas, mais ont été « tués par les terroristes de sang-froid ». Oded Lifshitz, le quatrième otage, dont la dépouille a été remise à Israël jeudi a également été « assassiné en captivité », a fait valoir M. Hagari. De son côté le Forum des familles d’otages s’est dit « bouleversé » par le meurtre « cruel et brutal » des enfants Ariel et Kfir Bibas, tués en captivité.
Kfir Bibas était le plus jeune des 251 otages enlevés le 7 octobre 2023, dont 67 sont toujours captifs à Gaza, parmi lesquels 35 morts, selon l’armée. Son père enlevé ce jour-là a été libéré le 1er février dernier. C’était la première fois que le Hamas remettait des corps d’otages depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par son attaque terroriste du 7-Octobre. Plusieurs otages morts ont été retrouvés par l’armée israélienne durant ses opérations dans l’enclave palestinienne.
Fin de la première phase de l’accord de trêve le 1er mars
Malgré ces développements, le Hamas a confirmé qu’il libérerait comme prévu samedi six otages israéliens, dans le cadre de l’accord de trêve à Gaza, entré en vigueur le 19 janvier après quinze mois de guerre dévastatrice. Il a souligné son « engagement total » vis-à-vis de l’accord de cessez-le-feu, assurant n’avoir « aucun intérêt à ne pas s’y conformer ou à retenir des corps » d’otages. Selon le Club des prisonniers palestiniens, 602 détenus palestiniens doivent en échange sortir des prisons israéliennes, ce qu’Israël n’a pas confirmé.
Selon le Hamas, les six otages devant être libérés samedi sont les derniers captifs vivants devant rentrer en Israël d’ici au 1er mars. Au total, 33 otages, dont huit morts, doivent être remis par le Hamas en échange de 1 900 Palestiniens détenus par Israël durant la première phase de l’accord. Pour l’heure, 22 otages israéliens ont été remis à Israël, contre la libération de plus de 1 100 prisonniers palestiniens, au cours de cinq échanges successifs.
Mercredi, le Hamas s’est dit prêt à libérer « en une seule fois », et non plus en étapes successives, tous les otages encore retenus à Gaza lors de la deuxième phase. Mais les négociations indirectes sur cette deuxième étape, censée mettre fin définitivement à la guerre, ont été retardées, les deux parties s’accusant mutuellement de violations de la trêve. La troisième et dernière phase doit en principe porter sur la reconstruction de Gaza.
