« Il faudra des décennies pour se remettre de cette guerre destructrice, tant sur le plan physique que psychologique »

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Bonjour Dr Abu Mughaisib et merci pour votre implication quotidienne pour sauver des vies si précieuses.
Comment s’organise les chirurgies lourdes d’urgence en l’absence d’infrastructures et de matériel adapté ? Comment arrivez-vous encore à opérer en l’absence des produits anesthésiants nécessaires? Comment la désinfection du matériel est assurée pour éviter la transmission de maladie?
Autre question: craignez-vous une épidémie prochaine (hors famine) et si oui, laquelle?
Toutes mes pensées vont vers l’Humanité décimée de Gaza.

Clara

Tout d’abord, la capacité de l’hôpital en termes de salles d’opération est limitée en raison de la destruction des hôpitaux, et les interventions chirurgicales majeures constituent un véritable défi en raison du manque de matériel chirurgical et de médicaments. Par exemple, aujourd’hui, chez MSF, nous ne disposons pas de fixateurs externes pour les chirurgies orthopédiques et nous ne pouvons accepter aucune fracture ouverte. C’est la situation à laquelle nous sommes confrontés à Gaza.

De plus, les blocages des approvisionnements ne concernent pas seulement la nourriture et les médicaments, mais aussi le matériel d’hygiène, qui n’est pas disponible. Vous pouvez donc imaginer le risque élevé d’infection… Même si nous intervenons dans un environnement très contrôlé, les patients retourneront dans leur tente et seront infectés, et la guérison ne sera pas facile en raison du manque de nourriture…

Quant aux épidémies, nous avons déjà constaté une augmentation de nombreuses maladies infectieuses à Gaza liées au manque actuel d’installations sanitaires, de matériel de nettoyage, de nourriture, de tout… Je m’attends à ce que des maladies telles que le choléra se développent, et si cela se produit, ce sera une double catastrophe qui s’ajoutera à la catastrophe actuelle.

Mohamed Abu Mughaisib



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