

« Le tournage avec les Belges l’a épuisée. Trois jours non-stop, tu m’étonnes qu’elle ait un sale caractère cet après-midi. » « Elle », c’est P John – prononcez-le à l’anglaise. Six mois. Pattes roses, plumage roux, œil chafouin. Aux dires de son soigneur Sylvain (les personnes citées par leur prénom n’ont pas donné leur nom de famille, conformément au règlement militaire), ancien maréchal des logis du 8e régiment de transmissions de l’armée de terre, la starlette perchée sur son épaule a sa tête des mauvais jours. Trop de sollicitations. Les journalistes gravissent en effet souvent le mont Valérien pour les rencontrer, elle et ses camarades ailés. Les pigeons sont près de 200 à nicher dans le dernier colombier militaire d’Europe.
Au cœur du fort ultrasécurisé se dressent plusieurs casemates d’où s’échappent des roucoulements discrets. « Salut les poulets ! », s’annonce Sylvain. Un battement d’ailes excité l’accueille en retour. Au milieu des plumes se pavanent les « soldats messagers ». Parfois, l’un d’eux vient donner un coup de bec amical à la main qui le nourrit, comme le ferait un animal de compagnie. Leurs yeux prennent des teintes d’opale, de rose ou de violette, leurs rémiges (les grandes plumes) ont des couleurs bien différentes du triste gris des pigeons parisiens.
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