Entre Emmanuel Macron et Kassym-Jomart Tokaïev, un partenariat franco-kazakh sous l’œil de Moscou

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Le président français, Emmanuel Macron, et le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, au palais de l’Elysée, à Paris, le 5 novembre 2024.

Entre Emmanuel Macron et Kassym-Jomart Tokaïev, c’est devenu une habitude de fin d’année. Avec les honneurs d’une visite d’Etat, le président français a reçu, mardi 5 novembre, à Paris, son homologue du Kazakhstan. « Pour un renforcement spectaculaire de nos relations », promet-on à l’Elysée. « Un développement tous azimuts ! », s’enthousiasme pareillement une source diplomatique kazakhe.

Un an après le voyage d’Emmanuel Macron à Astana, l’opulente capitale bâtie au milieu de la steppe, Kassym-Jomart Tokaïev a retrouvé dans les jardins élyséens les deux lévriers kazakhs qu’il lui avait alors offerts. Depuis, après des débuts tumultueux loin des steppes, Jules et Jeanne, se sont adaptés à la vie parisienne et sont apparus, mardi, aux pieds des deux présidents, sages et obéissants. « La diplomatie canine… », ironise l’entourage d’Emmanuel Macron.

Plusieurs accords et contrats ont été conclus mardi, dont un par Alstom, pour fournir des locomotives électriques. Mais, avant tout, le Kazakhstan, grand comme cinq fois la France, avec seulement 20 millions d’habitants, attire pour ses richesses en matières premières. L’ex-république soviétique, pays économiquement le plus puissant d’Asie centrale, fournit à la France près de 40 % de son uranium. Les deux « partenaires » ayant au fil des années multiplié les coopérations sur l’atome, Paris espère en échange qu’EDF sera choisi par Astana pour la construction de sa première centrale nucléaire. « La route est longue, la dynamique bonne », souffle un haut diplomate français. Mais aucun accord n’a été signé.

« De plus en plus dépendant de Moscou »

Après le référendum qui, en octobre, a ouvert la voie à la reprise du nucléaire civil malgré le traumatisme né des dégâts sanitaires des essais soviétiques, Kassym-Jomart Tokaïev a promis que la future centrale sera confiée à un consortium international. Concurrents chinois et sud-coréens sont sur les rangs. Mais le principal prétendant est Rosatom, le géant russe, bras nucléaire du Kremlin. « Comme souvent avec les Kazakhs, la solution sera alambiquée. Chacun aura une part au sein du consortium. Mais, comme d’habitude, les Russes en auront le contrôle final, prévient Vera Grantseva, experte du Kazakhstan à Sciences Po. Car c’est un fait : Astana devient de plus en plus dépendant de Moscou. »

Depuis qu’en janvier 2022 Kassym-Jomart Tokaïev a dû compter sur l’appui, politique mais surtout militaire, du Kremlin de Vladimir Poutine pour étouffer dans la violence des affrontements d’une ampleur inédite en trois décennies d’indépendance postsoviétique, le président kazakh s’est efforcé de mettre en scène son autonomie par rapport au grand frère russe.

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