
Un attentat-suicide a visé, dimanche 22 juin, l’église Saint-Elie, à Damas, a annoncé le ministère de l’intérieur syrien, affirmant qu’un membre de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) était à l’origine de l’attentat. « Un kamikaze affilié au groupe terroriste Daech [acronyme arabe de l’EI] est entré dans l’église Saint-Elie, a ouvert le feu et s’est fait exploser avec une ceinture explosive » a déclaré le ministère dans un communiqué.
Le ministère de la santé syrien a déclaré qu’au moins 20 personnes avaient été tuées et 52 blessées dans l’attaque, selon le dernier bilan. Un précédent bilan de la défense civile faisait état de 15 morts. Selon la télévision d’Etat, les forces de sécurité ont bouclé le quartier. « Des ambulances évacuent les blessés et les victimes du site de l’explosion » à la suite de cet « attentat terroriste », a aussi fait savoir l’agence de presse officielle SANA.
Des correspondants de l’Agence France-Presse sur place ont vu les secouristes évacuer des gens après cet attentat, qui a également endommagé l’église où des débris de bois et des icônes étaient éparpillés au sol, jonché de flaques de sang.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui a également rapporté l’incident, affirme de son côté qu’« au moins 30 citoyens chrétiens ont été tués ou blessés » lors de l’attaque. « L’église était bondée de fidèles au moment de l’attentat », ajoute l’ONG, basée au Royaume-Uni, selon laquelle l’explosion a provoqué un mouvement de panique.
Première attaque de ce genre depuis la chute d’Al-Assad
L’émissaire des Nations unies pour la Syrie, Geir Pedersen, a « condamn[é] avec la plus grande fermeté l’attaque terroriste contre l’église Saint-Elie » et « exprim[é] son indignation face à ce crime odieux » dans un communiqué. Il a appelé à une enquête approfondie par les autorités syriennes. « Ces terribles actes de lâcheté n’ont pas leur place dans la nouvelle société de tolérance et d’inclusion que les Syriens sont en train de tisser », a aussi dénoncé l’émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack.
La France a condamné dimanche soir « avec la plus grande fermeté l’attentat terroriste abject » qui a ciblé l’église de Damas. Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères a rappelé en outre « son engagement en faveur d’une transition en Syrie qui permette aux Syriens et aux Syriennes, quelle que soit leur confession, de vivre en paix et en sécurité dans une Syrie libre, unie, plurielle, prospère, stable et souveraine ». La cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, a, elle, appelé la France à se tenir aux côtés des chrétiens d’Orient, regrettant qu’« une fois encore la barbarie islamiste a frappé ».
La diplomatie syrienne a estimé que « cet acte criminel qui a pris pour cible des fidèles chrétiens est une tentative désespérée de saper la coexistence nationale et de déstabiliser le pays ». De son côté, le patriarcat orthodoxe de Damas a exhorté les nouvelles autorités syriennes islamistes à « assumer l’entière responsabilité » de l’attaque.
Il s’agit de la première attaque de ce genre dans la capitale syrienne depuis que des forces dirigées par des islamistes ont renversé l’ex-président Bachar Al-Assad le 8 décembre, alors que la sécurité reste l’un des plus grands défis pour les nouvelles autorités.