En Slovaquie, des manifestants s’opposent à un projet de loi qui pourrait relancer la corruption

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« Opposition, unissez-vous contre la mafia ! » « Nous défendrons la démocratie, même à Noël ! » Mardi soir 19 décembre, sur la place de la Liberté, à Bratislava, des milliers de manifestants ont témoigné de la colère suscitée par le projet de réforme du Code pénal, initié par le nouveau gouvernement de Robert Fico.

Annoncée le 6 décembre, la réforme entend démanteler le bureau du procureur spécial qui supervise les affaires de corruption les plus médiatisées, en plus de réduire les peines et d’affaiblir la protection des informateurs. Les missions du procureur spécial seraient alors reprises par les procureurs des bureaux régionaux, qui n’ont pas traité de tels crimes depuis vingt ans.

Alors que des rassemblements ont été recensés dans plus de dix villes du pays, des citoyens slovaques ont également manifesté près du siège des institutions européennes, à Bruxelles. Depuis son retour au poste de premier ministre, à la tête d’une coalition tripartite avec le Parti national slovaque (extrême droite) SNS et HLAS-Social démocratie (gauche), Robert Fico n’a en effet pas tardé à trancher dans le vif. Quelques jours seulement après sa victoire aux législatives, le 30 septembre, le président du parti national-populiste Smer-SD s’était empressé de démettre de leurs fonctions une vingtaine de policiers qui avaient enquêté sur lui et ses proches.

Le policier Peter Juhas, qui avait identifié le commanditaire de l’assassinat du journaliste d’investigation Jan Kuciak et de sa compagne Martina Kustirova, en 2018, n’a pas été épargné. Retentissante, l’affaire avait précipité le départ de Fico lors de son dernier mandat, entre 2012 et 2018, à l’issue de manifestations monstres dans tout le pays. « Il est évident que le plan de démantèlement du bureau du procureur spécial est délibérément lié aux efforts déployés pour aider les personnes associées au Smer-SD », a déclaré l’eurodéputé slovaque du Parti populaire européen, Ivan Stefanec.

« Une amnistie à la mafia »

Sous l’impulsion du gouvernement précédent, qui avait accédé au pouvoir en 2020 grâce à une vaste campagne anticorruption, des dizaines de membres du parti de M. Fico ont été condamnés pour corruption. Le premier ministre lui-même avait été brièvement poursuivi en 2022 pour avoir monté un « groupe criminel organisé ». « Le bureau du procureur spécial a violé les droits de l’homme », s’était-il alors défendu lors d’une conférence de presse, avant de promettre de se venger contre les responsables de ce qu’il considérait être un « coup politique pour l’éliminer ».

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