« En se focalisant sur les questions de la sexualité, le catholicisme a fini par l’idolâtrer »

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Catholique, né dans une famille pratiquante quelques années après Vatican II, on m’a appris au catéchisme un credo : « Je crois en un seul Dieu. » Mais voilà, on dirait qu’à cette formule s’en est substituée une autre : « Je crois en un seul sexe. » Je crois en la seule hétérosexualité qui ne se vit que dans le mariage pour porter des enfants. C’est la chronique « Intimités » de Maïa Mazaurette, dans l’édition du Monde datée du 4 février, qui m’a soudain fait comprendre que je me trompais de foi. Au détour d’une phrase, Maïa m’a fait voir que, pour beaucoup – à l’intérieur du catholicisme comme à l’extérieur –, être catholique, c’était aujourd’hui se définir par rapport à la sexualité.

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L’Eglise catholique s’agite pour savoir si l’on peut bénir les couples homosexuels. Ah, non, pardon, les personnes qui vivent en couple homosexuel, précisent les évêques, mais pas en chœur. Ils sont loin d’être unanimes. Les bénir, oui, mais pas plus longtemps que quelques secondes. L’éclaircissement (sic) a été publié sur le site du Vatican, le 4 janvier 2024. A vos marques, prêts, partez ! Dis-moi ce que tu fais de ton sexe, et je te dirai si tu es catholique. Evidemment, pendant ce temps-là, ce que le clergé fait du sien n’est toujours pas à l’ordre du jour.

On peut sourire… ou pas. Est en jeu en tout cela la vie de personnes qui cherchent un sens à leur existence et le trouvent dans l’amour de Dieu. On peut y croire ou non. La foi est tellement érodée dans notre monde occidental qu’un grand nombre de ceux qui sont catholiques le sont par conviction et engagement. Mais ceux qui, aujourd’hui, se disent encore catholiques quêtent Dieu « comme à tâtons », selon l’expression même de saint Luc. Le risque, c’est de ne pas rester dans l’Eglise pour les bonnes raisons. Faut-il vraiment réciter le nouveau credo : « Credo in unum sexum » ?

Il y a peu, je reçois un jeune homme, pas tout à fait la trentaine. Catholique, il vit en couple, désire se marier, avoir des enfants avec son épouse. Mais voilà, atteint d’une maladie, il ne pourra donner naissance à des enfants qu’en passant par une PMA, bien qu’il ne soit pas infertile. Une question éthique se pose bel et bien.

Haine de la technique

Mais, malheur, vous n’y pensez pas, Dame Eglise s’y oppose fermement. « En substituant un acte technique à l’étreinte des corps, on pervertit la relation à l’enfant : celui-ci n’est plus un don, mais un dû », dixit le Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques, paru sous l’égide du Conseil pontifical pour la famille, en 2005.

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