
L’ONG russe Golos, connue pour son recensement minutieux des fraudes électorales en Russie pendant vingt-cinq ans, a annoncé mardi 8 juillet dans un communiqué la fin de ses activités dans le pays, deux mois après la condamnation de son coprésident à cinq ans de prison ferme.
Le 14 mai, la justice russe a reconnu Grigori Melkoniants, coprésident de Golos, arrêté en août 2023, « coupable » d’avoir travaillé avec le réseau européen des organisations d’observation des élections (Enemo), interdit par les autorités russes.
« L’observation des élections ce n’est pas une activité politique, c’est un moyen de défendre (…) le droit des citoyens garanti par l’Etat. Malheureusement, après le verdict dans le procès de Grigori Melkoniants, nous ne pourrons plus le faire », a déclaré l’ONG Golos (« la voix », en russe) dans son communiqué. Avant d’ajouter que « la persécution des observateurs électoraux et du mouvement “Voices” fragilise encore davantage les fondements constitutionnels du pays (…) la justice, hélas, ne triomphe pas toujours : il faut se battre pour elle. Et il y a toujours un risque de perdre. C’est ce qui s’est passé cette fois-ci ».
Au pouvoir depuis vingt-cinq ans, le président Vladimir Poutine a progressivement réduit à peau de chagrin toute opposition, politique ou au sein de la société civile russe, une répression des autorités qui s’est accrue depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
L’ONG déclarée « agent de l’étranger » en 2016
Le mouvement créé en 2000, au moment de l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, réunissait des milliers d’observateurs à travers toute la Russie et publiait régulièrement des rapports sur les fraudes aux élections municipales, régionales et fédérales.
En 2011, Golos avait mis en place une carte interactive en ligne signalant d’éventuels actes de fraude électorale, très nombreux en Russie. Elle ne sera plus disponible et toutes les antennes régionales du mouvement vont fermer, a précisé mardi Golos. Tout comme « les sections régionales de “Voices” [qui] ont été dissoutes, les mandats de tous les responsables régionaux, des membres des conseils régionaux, des commissions d’audit, du conseil national et des coprésidents ont été résiliés prématurément », a ajouté l’organisme.
En décembre 2011, sa responsable Lilia Chibanova avait été retenue à l’aéroport Cheremetievo de Moscou pendant plus de douze heures. Et ce, la veille des élections législatives russes au cours desquelles le parti de Vladimir Poutine, Russie unie, avait récolté 49,32 % des suffrages.
L’association Golos avait été déclarée en 2016 « agent de l’étranger » puis dissoute. Grigori Melkoniants et d’autres militants l’avaient ensuite recréée sous une autre forme juridique.
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Golos avait notamment dénoncé « des falsifications » massives lors de l’élection présidentielle de 2024 à l’issue de laquelle Vladimir Poutine avait obtenu 87 % des suffrages exprimés, en l’absence de toute opposition tolérée.