En RDC, le M23 poursuit son avancée vers des « zones stratégiques », s’inquiète l’ONU

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Un combattant du M23, à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, le 18 février 2025.

Le Mouvement du 23-Mars (M23), après avoir pris Goma et Bukavu, poursuit son avancée vers « d’autres zones stratégiques » de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’est inquiétée l’ONU, mercredi 19 février, soulignant le risque d’un embrasement régional. Fin janvier, le M23, soutenu par les troupes rwandaises, a pris le contrôle de Goma, capitale du Nord-Kivu, lors d’une offensive éclair, avant de poursuivre son avancée vers Bukavu, capitale du Sud-Kivu tombée dimanche.

« Si nos informations sont correctes [le M23] continue d’avancer vers d’autres zones stratégiques au Nord-Kivu et au Sud-Kivu », a déclaré Huang Xia, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands Lacs, devant le Conseil de sécurité. « A ce stade, nous ne connaissons pas les intentions profondes du M23 et de leur soutien, jusqu’où ils iront et pourquoi », mais « le risque d’un embrasement régional est plus que jamais réel », a-t-il souligné : « L’histoire se répète. »

Les combats des dernières semaines font en effet craindre une répétition de ce qu’on a appelé la deuxième guerre du Congo (1998-2003), impliquant de nombreux pays africains et entraînant des millions de morts par la violence, les maladies et la famine.

La cheffe de la mission de maintien de la paix de l’ONU en RDC (Monusco), Bintou Keita, s’est elle aussi inquiétée de l’avancée du M23, qui est désormais « au point de jonction des trois frontières entre la RDC, le Rwanda et le Burundi ». « La situation des droits humains dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu s’est considérablement détériorée », a-t-elle souligné.

« Un carnage à ciel ouvert »

La ministre congolaise des affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a une nouvelle fois accusé le Rwanda de préparer « un carnage à ciel ouvert » et de vouloir « renverser notre régime par la force », tout en dénonçant l’inaction du Conseil de sécurité pour l’en empêcher. « Ce conseil doit agir, il ne peut plus se contenter d’être un témoin silencieux de la tragédie en cours », a-t-elle plaidé.

Kinshasa réclame des sanctions individuelles contre des responsables politiques et militaires rwandais, un embargo sur les exportations des ressources naturelles en provenance du Rwanda et l’interdiction pour les troupes rwandaises de participer aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. L’ambassadrice américaine par intérim, Dorothy Shea, a en partie soutenu cet appel, invitant l’ONU à « réévaluer la capacité du Rwanda » à fournir des casques bleus s’il ne change pas d’attitude. « Il est plus que temps pour ce conseil, l’ONU et la communauté internationale de répondre avec force et sans ambiguïté aux actions du M23 et du Rwanda qui […] conduisent la région au bord d’une guerre généralisée », a-t-elle insisté.

Fin janvier, la France a lancé des négociations sur un projet de résolution du Conseil de sécurité, mais elles n’ont pour l’instant pas abouti, en raison notamment de la réticence des pays africains membres du conseil à dénoncer clairement Kigali. La dernière version du texte vue mercredi par l’Agence France-Presse (AFP) réclame l’arrêt de l’offensive du M23 et le retrait des troupes rwandaises de RDC « sans préconditions ». Elle évoque également l’éventualité de nouvelles sanctions ciblées contre les dirigeants du M23 et ceux qui le soutiennent depuis « l’extérieur ».

Le Monde avec AFP



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