Pourquoi les filles décrochent-elles en mathématiques ? La question taraude, à la lecture des résultats français de l’enquête internationale Trends in International Mathematics and Science Study (Timss), menée en 2023, comme tous les quatre ans, dans une cinquantaine de pays auprès d’élèves de CM1 et de 4e, et rendue publique mercredi 4 décembre.
La France fait partie, avec l’Australie et l’Italie, des pays où l’écart de performance en CM1 est le plus important entre les deux sexes. On compte 23 points de différence (496 points pour les garçons et 473 points pour les filles), contre 13 lors de la précédente édition, en 2019, soit plusieurs mois de différence dans l’acquisition des connaissances et compétences. L’écart entre filles et garçons n’est pas significatif en classe de 4e.
Ces conclusions rejoignent celles des évaluations nationales, passées à chaque début d’année d’école élémentaire puis en classe de 6e, 4e et 2de. Entre 2017 et 2024, les écarts filles-garçons se sont creusés, en 6e notamment : alors que le score moyen des filles reste stable, celui des garçons augmente de 7 points. « Dans les années 2010, les différentes études ne montraient pourtant pas d’écart significatif entre les filles et les garçons », note Clémence Perronnet, sociologue et coautrice de l’ouvrage Matheuses. Les filles, avenir des mathématiques (CNRS Editions, 240 pages, 24 euros).
Prophétie autoréalisatrice
Les divergences commencent tôt, selon une analyse de ces évaluations nationales. Alors que les filles ont de meilleurs résultats en début de primaire, les garçons obtiennent de meilleurs scores à partir de la mi-CP, puis tout au long de la scolarité. Cet écart « s’observe dans toutes les catégories sociales et configurations familiales, et sur l’ensemble du territoire », remarque l’Institut des politiques publiques dans une note sur « Le décrochage des filles en mathématiques dès le CP », publiée en janvier. Pour l’institut, l’explication de ces différences est à chercher du côté du « poids des stéréotypes de genre qui pèsent sur les élèves » et se « diffusent tôt et très largement au sein de la société ».
Le ministère de l’éducation nationale en convient : « Il y a un travail à conduire sur la manière dont les filles se représentent les mathématiques » car « lorsqu’on parle de nombres en grande section de maternelle, les filles sont aussi à l’aise que les garçons. Quand on commence à parler de mathématiques à partir du CP, elles perdent confiance ». Ce déficit de confiance est largement documenté par le service statistique de l’éducation nationale.
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