Les dirigeants de l’opposition à Benyamin Nétanyahou ont fustigé, mercredi 6 novembre, le premier ministre israélien pour avoir limogé la veille son ministre de la défense, en raison de différends « politiques », alors que le pays est en guerre sur plusieurs fronts depuis plus d’un an. Le ministre Yoav Gallant « a été viré uniquement pour des raisons politiques », a lancé le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, lui-même brièvement ancien premier ministre, lors d’une conférence de presse avec les trois autres dirigeants des partis d’opposition.
Le chef du parti nationaliste Israël Beitenou, Avigdor Lieberman, était associé pour la première fois aux autres dirigeants de gauche ou du centre.
« En plein milieu d’une guerre, alors qu’Israël se bat sur plusieurs fronts, M. Nétanyahou affaiblit et nuit à l’armée (…) simplement pour faire passer la loi d’exemption » au service militaire obligatoire pour la communauté juive ultraorthodoxe, a expliqué M. Lapid.
En juin, la Cour suprême a conclu que l’exemption, datant de 1948, dont bénéficie une partie des hommes de cette communauté n’avait pas de base légale. Un projet de loi doit légaliser ces exemptions qui concernent environ 66 000 étudiants d’écoles talmudiques, alors que les partis ultraorthodoxes sont des alliés-clés de la coalition de droite de M. Nétanyahou.
« Tous les hébreux devraient savoir que l’armée n’a plus personne à qui faire confiance » après le départ du ministre, ancien général de l’armée, a-t-il ajouté. « La seule personne en qui on pouvait avoir confiance dans ce gouvernement de fous a été limogée hier », a-t-il poursuivi, réclamant la tenue d’élections législatives.
Benny Gantz, ancien membre du cabinet de guerre israélien, a fustigé « le timing de la décision », qui est selon lui « une négligence absolue en matière de sécurité », en dénonçant un « accord politique fait sur le dos de nos soldats ».
« Nous ne permettrons pas que (…) seule près de la moitié de la population serve dans l’armée et paie le prix pour [sauver] nos vies afin d’assurer la stabilité du gouvernement », a dit le chef du Parti de l’Unité nationale (centre).
Avigdor Lieberman a pour sa part estimé que M. Nétanyahou « a démantelé la société israélienne » en choisissant de préserver sa coalition. « Où avons-nous vu des effusions de joie hier ? Seulement en Iran », a-t-il lancé.
Yaïr Golan, chef du Parti travailliste (gauche), a affirmé que M. Nétanyahou avait « choisi son propre intérêt contre celui des citoyens d’Israël », estimant qu’il était « inapte » et « illégitime » comme premier ministre.