En Israël, les tensions traversent le cabinet de guerre qui mène les opérations militaires à Gaza

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Un front uni, malgré tout. Depuis le 11 octobre, les cinq membres du cabinet de guerre qui mènent les opérations militaires à Gaza, à la frontière libanaise et en Cisjordanie, maintiennent une fiction d’unité à la tête de l’Etat. Ce cabinet est à l’image de la nation israélienne, solidaire dans le deuil et dans la plus vaste mobilisation militaire de son histoire (plus de 350 000 réservistes), mais déboussolée et profondément divisée.

Trois généraux y entourent Benyamin Nétanyahou, tous de noir vêtus depuis un mois, qui précisent et contredisent sans cesse les déclarations du premier ministre : le ministre de la défense, Yoav Gallant, et les ex-chefs d’état-major Benny Gantz et Gadi Eisenkot. Ces deux élus de l’opposition (Unité nationale, centre droit) ont rejoint le gouvernement au cinquième jour de la guerre, à la manière de réservistes endossant l’uniforme. Ils se veulent un garde-fou autour du premier ministre.

M. Nétanyahou s’est adjoint dans ce cabinet l’Américain Ron Dermer, son « deuxième cerveau », l’un des rares hommes qu’il considère comme un alter ego et qui l’accompagne depuis 2000. Religieux, né en Floride, M. Dermer n’a pas servi dans l’armée israélienne. Il est chargé des relations avec l’administration de Joe Biden, qui s’implique comme aucun de ses prédécesseurs dans l’appareil de décision israélien en temps de guerre.

Décision par consensus

M. Dermer connaît intimement ces fonctionnaires américains : il entretient avec eux de vives inimitiés depuis une décennie. Lorsque M. Nétanyahou l’avait nommé ambassadeur à Washington, en 2013, des conseillers de l’ex-président démocrate Barack Obama avaient envisagé de refuser sa lettre de créance, estimant qu’il était moins un diplomate qu’un opérateur politique américain, très impliqué dans le Parti républicain. Proche de l’ex-président Donald Trump, M. Dermer a contribué à le convaincre de dénoncer l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, trois ans plus tard. En 2021, ce conseiller déclarait publiquement qu’Israël devait renoncer au soutien des électeurs juifs du Parti démocrate, qu’il jugeait trop critiques, pour se reposer sur l’appui indéfectible des chrétiens évangéliques.

Le chef du parti ultraorthodoxe israélien Shass, Arié Déri, condamné par deux fois en justice pour corruption et fraude fiscale, est l’unique représentant au cabinet de guerre de la coalition de partis fondamentalistes religieux, qui a porté M. Nétanyahou au pouvoir en décembre 2022. Ce vieil allié, fin politique, occupe au cabinet un siège d’observateur. M. Déri dirige une formation dont la majorité des électeurs refusent le service militaire et qui cherche à préserver des subventions d’Etat massives concédées au printemps.

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