En Birmanie, les inondations meurtrières aggravent la crise humanitaire

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Des volontaires traversent en bateau une zone inondée, à la recherche de personnes bloquées à la suite du passage du typhon Yagi dans la ville de Taungu, en Birmanie, le 17 septembre 2024.

En Birmanie, les inondations et les destructions provoquées par la tempête tropicale Yagi depuis le 13 septembre sont une double peine pour la population, qui dans nombre de régions, a déjà été déplacée ou affectée par les combats qui opposent la junte militaire à la résistance armée. De plus, l’économie du pays est au bord de l’effondrement.

Alors que le régime a estimé officiellement le bilan le 18 septembre à 226 morts et 77 disparus, le gouvernement souterrain de la résistance, appelé gouvernement d’unité nationale (NUG), évalue le nombre de morts et de disparus à au moins 1 000. Il accuse la junte d’avoir mal géré les retenues d’eau, et d’avoir très mal informé la population.

Min Aung Hlaing qui a renversé Aung San Suu Kyi en 2021 a reconnu avoir été surpris par l’ampleur des destructions. Le général putschiste apparaît en Une du quotidien Global New Light of Myanmar, porte-voix officiel de la junte, du jeudi 19 septembre, au chevet de victimes dans les bidonvilles ruraux autour de Naypyidaw, la capitale très protégée du régime, promettant de « faire tout ce qui est possible pour retourner à la normale ».

Min Aung Hlaing a aussi appelé son administration à recevoir de l’aide internationale, un changement de posture pour la junte qui a plusieurs fois rejeté par le passé tout soutien étranger. En mai 2023, Naypyidaw avait même bloqué l’autorisation d’accès d’agences internationales à des régions touchées par le cyclone Mocha, dans l’Etat de Rakhine.

Accaparer l’aide

Cette « ouverture » est d’abord un signe de faiblesse : l’armée birmane est dépassée par les offensives de la résistance armée depuis les zones périphériques du pays, et a instauré la conscription forcée jusqu’à 35 ans, désorganisant un peu plus l’économie. Même dans les parties centrales de Birmanie, les pénuries touchent un nombre croissant de produits de base.

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Les observateurs craignent que l’objectif soit d’accaparer de l’aide internationale pour les régions touchées sous contrôle de l’armée, en particulier autour de Naypyidaw, mais aussi dans certaines parties de la région de Sagaing, autour de Mandalay, et dans le sud de l’Etat Shan, un bastion loyaliste où les inondations ont fait de gros dégâts.

Or, depuis bientôt deux ans, la résistance tente, en vain, d’obtenir des agences internationales qu’elles traitent avec le NUG et acheminent de l’aide par les pays frontaliers directement dans les territoires sous contrôle des groupes armés ethniques en conflit avec la junte. L’équation est compliquée : toute agence onusienne qui le ferait perdrait son autorisation officielle d’opérer à l’intérieur de la Birmanie. Et un pays frontalier comme la Thaïlande par exemple ne peut prendre le risque d’offenser le régime birman en réceptionnant de l’aide internationale pour le compte de la résistance.

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