« En 2025, pouvons-nous nous satisfaire que 8 millions d’entre nous soient en insécurité alimentaire ? »

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Il a fallu près de deux siècles d’expérimentations sociales, de luttes populaires et de décisions politiques pour que la Sécurité sociale voie le jour, comme une évidence collective. Son socle révolutionnaire a progressivement permis de mieux faire face aux risques de nos existences (maladie, chômage, accident, vieillesse, etc.) et d’imaginer pouvoir vivre – et pas seulement survivre – au-delà de nos périodes de travail. Mais ce combat est inachevé, parce que, quatre-vingts ans après la création de la « Sécu », nombre d’entre nous ne disposent toujours pas des moyens nécessaires pour assurer leur subsistance dans des conditions décentes.

Inachevé aussi parce qu’il reste des trous dans la raquette. La Sécurité sociale de l’alimentation (SSA), qui part d’un constat simple, propose d’en combler un : notre système alimentaire n’assure en effet ni la soutenabilité du système agricole, ni la rémunération juste et suffisante des paysans, ni l’égale dignité, la satisfaction et la sécurité des mangeurs.

En 2025, pouvons-nous nous satisfaire que 8 millions d’entre nous soient en insécurité alimentaire, doivent réduire la quantité et la qualité de leurs aliments et soient dépendants de l’aide alimentaire pour se nourrir ? Pouvons-nous accepter que les pathologies liées à l’alimentation prennent un tournant épidémique (+ 160 % de diabétiques en vingt ans, selon la Fédération française des diabétiques) ?

Pouvons-nous, d’autre part, accepter un système agricole qui concourt à faire disparaître tant de petites fermes et oblige les autres à se tourner vers l’agrandissement et l’intensification pour supporter la compétition internationale, alors que près de 18 % des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté, que 30 % des oiseaux des champs ont disparu en quinze ans et que la pollution des terres et des eaux s’étend ?

Revenu digne, prix supportables

La SSA vise à garantir un droit à l’alimentation et à une juste rémunération des producteurs, ainsi qu’à diminuer les impacts négatifs de notre système alimentaire. Ce n’est pas une idée en l’air. Elle est aujourd’hui portée par un collectif national, composé de nombreuses organisations de la société civile, et inspire des dizaines d’expériences de terrain, portées par des habitants, associations et collectivités en Alsace, en Ariège, en Gironde, dans l’Yonne, mais aussi à Toulouse, à Montpellier, à Cadenet (Vaucluse) ou à Dieulefit (Drôme).

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