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La répression contre les journalistes indépendants du pouvoir s’accélère en Azerbaïdjan en vue d’une purge complète du paysage médiatique national. Vendredi 21 février, un tribunal de Bakou a envoyé le journaliste indépendant azerbaïdjanais Nurlan Gahramanli, 28 ans, pour un mois et demi en détention provisoire. Connu sous son pseudonyme « Nurlan Libre », le journaliste est accusé de « contrebande » par la justice, qui a déjà utilisé ce prétexte pour embastiller plusieurs dizaines de voix critiques depuis un an.
Nurlan Gahramanli se savait dans le collimateur du pouvoir azerbaïdjanais. Il avait écrit au Monde début janvier, pour signaler avoir reçu une offre d’emploi douteuse venant d’un individu se faisant passer pour un journaliste français du quotidien. Lui et d’autres journalistes azerbaïdjanais ont reçu le même genre d’offre, en réalité des appâts car le pouvoir azerbaïdjanais emprisonne pour « contrebande » les journalistes percevant des revenus de l’étranger.
Pressentant une arrestation imminente, Nurlan Gahramanli avait préparé une vidéo dans laquelle il expliquait : « 25 journalistes sont emprisonnés dans ce pays, et je serai probablement le 26e. Je suis fier de rejoindre mes camarades. » Détenu pour sa part depuis le 21 août 2024, l’éditorialiste et politiste Bahruz Samadov, 28 ans, a annoncé vendredi commencer une grève de la faim pour protester contre sa détention et l’accusation de « haute trahison » dont il fait l’objet.
La répression s’étend aussi hors des frontières, où des journalistes azerbaïdjanais en exil ont été la cible d’agressions répétées. Cinq voix critiques ont été assassinées, dont Vidadi Iskenderli en 2024 en France. Bakou semble aussi exercer des pressions sur la Géorgie, dans le but d’obtenir l’extradition de réfugiés dans ce pays voisin, dont le gouvernement glisse rapidement vers l’autocratie et avec qui les relations sont traditionnellement cordiales.
Coups de fil menaçants
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