De nombreux signalements d’agressions et de propos racistes et homophobes, dans le climat propice de la campagne des législatives

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Une croix celtique, symbole de l’extrême droite et du néonazisme, taggée sur la façade d’un restaurant, à Avignon, le 1ᵉʳ juillet 2024.

Les images filmées par les voisins sont d’une extrême violence. Le son l’est tout autant : le bruit sourd du crâne de Mourad, qui cogne contre la porte d’un immeuble, alors que les coups de poing s’abattent sur sa tête. Quelques minutes auparavant, à 22 h 45, ce mercredi 26 juin, l’homme de 37 ans (qui a requis l’anonymat), habitant à Cessy (Ain), sort sur son balcon pour tenter de calmer des individus alcoolisés dans la rue. Mais le ton monte : « Descends, si t’es un homme. » Mourad s’exécute et, entre-temps, les insultes racistes fusent : « Sale bougnoule », « On est chez nous, t’es pas chez toi. Moi je suis français, moi je suis chez moi », crie un des individus.

Aux paroles violentes s’ajouteront les gestes, lors d’un moment d’inattention du trentenaire. « J’étais dans ce bas monde avant eux. Je suis français depuis plus longtemps qu’eux », glisse aujourd’hui, avec un air de défi, Mourad, né en France de parents tunisiens. Ce lundi 1er juillet, les agresseurs, deux hommes âgés de 25 ans, jugés en comparution immédiate, ont été condamnés à trois ans de prison ferme pour violences à caractère raciste par le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse.

Ces dernières semaines, dans le contexte hautement inflammable des élections européennes remportées par le Rassemblement national (RN) le 9 juin et de la possible victoire du parti d’extrême droite au second tour des législatives le 7 juillet, les récits d’agressions s’accumulent sur fond de libération de la parole raciste et homophobe. A Avignon, une boulangerie a été incendiée et ses murs ont été tagués des mots « nègre », « PD », « dégage », visant le jeune apprenti de 17 ans, d’origine ivoirienne, travaillant sur place.

« Un avant et un après le 9 juin »

Les insultes racistes visant Divine Kinkela, une aide-soignante suivie par l’émission « Envoyé spécial », visée par ses voisins votant RN, dans une séquence diffusée le 20 juin, ont aussi fait le tour des réseaux sociaux. Des propos que Marine Le Pen n’a pas condamnés, préférant s’attaquer, dans un article paru le 22 juin dans le quotidien La Voix du Nord, à « Envoyé spécial », estimant que c’est une « émission ultrapolitisée à l’extrême gauche ».

A Paris, quatre militants d’ultradroite ont été condamnés, le 12 juin, pour avoir participé à une agression homophobe dans la nuit suivant les résultats des élections européennes. « Vivement dans trois semaines, on pourra casser du PD autant qu’on veut », « Vous verrez quand Bardella sera au pouvoir », ont-ils proclamé après leur interpellation, selon Libération.

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