De l’Ukraine à Gaza, la crédibilité occidentale à l’épreuve

| 2 576


Washington, Avdiïvka et Gaza : voilà trois théâtres de crise très différents, qui ont pourtant un point commun. La capitale américaine en ébullition, la petite ville ukrainienne prise vendredi 16 février par l’armée russe et l’enclave palestinienne suppliciée mettent toutes à l’épreuve la crédibilité et l’unité occidentales. La photographie du moment est sombre. Les démocraties libérales traversent un moment de doute existentiel et de vulnérabilité. Elles paraissent aphones sur le plan des valeurs et peinent à projeter leur force, pourtant non négligeable.

Une partie de cette atmosphère lugubre vient de Washington, le réacteur central de ce monde occidental contesté et défié par des Etats comme la Chine, la Russie ou l’Iran. La possibilité d’une nouvelle présidence Trump saisit d’effroi les alliés de l’Amérique. Elle renvoie les Européens à leurs responsabilités en matière de sécurité collective. Le sénateur J.D. Vance (Ohio), rare élu trumpiste à réfléchir aux contours d’une politique étrangère, a lancé une mise en garde, le 19 février, dans le Financial Times.

Lire aussi l’analyse | Article réservé à nos abonnés Joe Biden face à l’impossible équation de son âge et de son ambition

La guerre en Ukraine ? Pas une affaire américaine. Les Européens « devraient avoir la capacité de se charger du conflit, mais au fil des décennies ils sont devenus bien trop faibles. On a demandé à l’Amérique de compenser, à un coût énorme pour ses propres citoyens ». L’histoire de l’Alliance transatlantique, l’ampleur des intérêts mutuels, le déploiement stratégique de forces américaines sur le continent européen : tout cela est balayé. La calculatrice recouvre le livre d’histoire.

Les séparatismes des républicains

Cette menace d’un désintérêt américain, d’une réorientation stratégique, déjà largement entamée, vers l’Asie, se traduit au Congrès par le blocage d’un nouveau paquet d’aides pour l’Ukraine. A la Chambre des représentants, une minorité de quelques dizaines d’élus républicains, sous la baguette de Donald Trump, bloque le principe même d’un vote sur cette enveloppe de 60 milliards de dollars (55,5 milliards d’euros), validée au Sénat.

On ne sait, à cette heure, si un compromis sera trouvé. Mais le fait même qu’il se dérobe depuis quatre mois, sur une question qui aurait fait l’unanimité bipartisane il y a peu, montre l’essor d’un séparatisme à la fois intérieur et extérieur au sein du Grand Old Party. Le mot est plus adéquat qu’« isolationnisme ». Ce courant ne veut pas d’un retrait américain complet des affaires du monde, mais il ne se sent plus tenu par des engagements passés, des alliances traditionnelles. « America first », et tout le reste se négocie, par la force ou par le chéquier.

Il vous reste 56.18% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link