Dans les griffes de l’« église » ­sud-coréenne Shincheonji

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A Paris, un soir d’août 2019, une jeune vendeuse de 23 ans rentre de sa journée de travail, fatiguée, angoissée. Son couple bat de l’aile, sa foi chrétienne ne l’aide plus beaucoup… Marie (son prénom a été modifié) se sent fragile, elle ne s’en cache pas. A la station porte de Vincennes, un groupe de personnes la dévisage, dont une dame toute vêtue de noir. La jeune femme sort du métro et s’engouffre dans un tramway.

L’inconnue la suit, s’assoit à côté d’elle et lui demande d’une voix réconfortante : « Est-ce que vous vous posez des questions sur Dieu ? » La conversation s’engage. « Je lui ai parlé de mes interrogations au sujet de la religion et elle m’a dit qu’elle connaissait des gens qui pouvaient m’aider à trouver des réponses, raconte Marie. Nous avons échangé nos numéros, et elle m’a proposé de suivre une formation gratuite sur mon temps libre. » Elle se rend une première fois à l’un de ces cours bibliques, y rencontre d’autres jeunes de son âge.

Séduite, elle y retourne. Jour après jour, l’apprentissage tourne, pour elle, à l’obsession. « C’était un flot d’enseignements et de doctrines sur la paix et la fin du monde à apprendre par cœur. Je trouvais ça très rassurant », explique-t-elle. Après neuf mois, elle achève le dernier niveau, baptisé « Apocalypse », et se voit décerner un diplôme.

Marie obtient alors le droit d’accéder à General Food Chat, un salon sur la plateforme Telegram alimenté chaque jour par les prêches d’un chef religieux. « C’est seulement à ce moment-là que l’organisation me dévoile son vrai nom : Shincheonji. » Trois ans seront nécessaires à Marie pour comprendre qu’elle a été recrutée par un culte d’origine sud-coréenne, que d’anciens adeptes, en Corée, en Allemagne, en Australie et en France, accusent de dérives sectaires.

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