Dans le nord-ouest de la Syrie, le difficile retour des Kurdes, soumis à la loi des milices financées par la Turquie

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Les yeux bleus de Mohamad Habas se troublent d’émotion alors qu’il déambule dans les vestiges de sa maison. De la demeure familiale, juchée à flanc de colline dans le village de Koran, à proximité de la frontière turque, il ne reste qu’un tas de gravats éparpillés sur un talus. Accompagné de ses petits-enfants apprêtés pour les fêtes de l’Aïd, l’ancien maire du village y revient pour la première fois après sept ans d’exil.

« Après tout ce que nous avons traversé, je ne pensais pas revoir ce paradis », murmure le grand-père en contemplant à perte de vue les collines de terre rouge hérissées d’oliviers noueux, symboles de la région d’Afrin. En janvier 2018, le notable et sa famille avaient fui les tirs d’artillerie, les raids de drones turcs et les assauts au sol des factions de l’Armée nationale syrienne (ANS), coalition de milices rebelles inféodées à la Turquie qui s’étaient emparées de ce territoire septentrional de la Syrie peuplé majoritairement par la communauté kurde.

Baptisée « opération “Rameau d’olivier” », l’offensive éclair de la Turquie et de ses supplétifs syriens avait pour objectif de « nettoyer » la région des Unités de protection du peuple (YPG), alliés de facto du régime de Bachar Al-Assad et considérés par Ankara comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), désigné comme une organisation terroriste par la Turquie. La campagne militaire s’était rapidement convertie en campagne de nettoyage ethnique, poussant près de 300 000 civils kurdes hors d’Afrin. Ceux-ci ont vite été remplacés par des combattants turkmènes et arabes et par des milliers de civils venus des poches rebelles de la Syrie matées par le régime baassiste.

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