
Khan Younès n’est plus que ruines. Des photos satellites prises ces derniers jours montrent que l’armée israélienne a presque entièrement rasé la deuxième plus grande ville de Gaza, située dans le sud de l’enclave, ainsi que les communes environnantes, soit une zone de plus de 100 kilomètres carrés. La ville comptait 400 000 habitants avant la guerre.
En avril 2024, Libération rapportait déjà qu’« après le retrait des troupes israéliennes des milliers d’habitants de la ville du sud de Gaza ont découvert le paysage apocalyptique laissé par des mois de combats acharnés entre Tsahal et le Hamas ». La défense civile de la ville lançait alors un appel aux Nations unies pour obtenir des engins afin de dégager les corps, dont la plupart étaient, selon elle, en état de décomposition avancée sous les débris.
Les destructions les plus importantes se situent dans les villes voisines de Bani Souhaila et d’Abassan Al-Kabira, où la plupart des bâtiments ont été détruits, selon le quotidien israélien Haaretz. Une autre localité, Khouzaa, est totalement rasée.
« Il semble que la majorité des destructions ait été effectuée à l’aide de bulldozers et d’équipements similaires », observe Haaretz, rappelant que, ces derniers mois, « l’armée [israélienne] a considérablement accéléré le rythme des destructions dans le sud de Gaza, en faisant appel à des entrepreneurs privés qui réalisent un bénéfice de plusieurs milliers de shekels par bâtiment rasé ».
Ces dernières semaines, la démolition des habitations constitue, avec les bombardements aériens, « la seule activité opérationnelle menée de manière systématique » par l’armée israélienne à Gaza, selon le quotidien. « Des centaines de bulldozers, d’excavatrices et de bulldozers blindés Caterpillar D9 israéliens poursuivent leurs efforts pour rendre Gaza inhabitable pour les années à venir. »
D’après nos confrères, l’armée israélienne propose de payer les opérateurs de bulldozers et d’excavatrices 2 500 shekels (environ 750 dollars) pour raser un bâtiment de trois étages maximum et 5 000 shekels pour les structures plus hautes. « De nombreuses personnes sont en cours de recrutement (…). Heureusement, il y a encore beaucoup de travail », témoignait un entrepreneur auprès du quotidien économique israélien The Marker.
L’enclave palestinienne a été complètement ravagée par la campagne militaire menée par Israël depuis l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023. Selon une estimation de l’Unosat, le centre satellitaire des Nations unies, 70 % des structures de Gaza avaient été détruites ou endommagées en avril 2025, soit « 258 201 unités d’habitation ».
Des dirigeants de l’extrême droite israélienne ont tenu, mardi 22 juillet, une réunion publique au Parlement à Jérusalem pour discuter d’un plan visant à transformer en « riviera » la bande de Gaza, à l’heure où les habitants de ce territoire sont confrontés à la famine. Y ont participé notamment le ministre des finances, Bezalel Smotrich, et la suprémaciste juive Daniella Weiss, fervente partisane des colonies juives à Gaza. Ce plan détaillé prévoit la construction de logements pour 1,2 million d’Israéliens, ainsi que le développement de zones industrielles et agricoles et de complexes touristiques sur la côte.
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En février, Donald Trump proposait que les Etats-Unis prennent le contrôle de la bande de Gaza, en grande partie détruite par les bombardements israéliens, pour en faire « la riviera du Moyen-Orient », après avoir déplacé les Palestiniens vers l’Egypte ou la Jordanie. Des propos qui pourraient être constitutifs d’une « incitation directe à commettre un crime contre l’humanité », selon les experts.