Comment l’activiste suprémaciste noir Kémi Séba s’est vu retirer sa nationalité française

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Le militant panafricaniste Kémi Seba (au centre), lors d’une conférence de presse, à Paris, le 26 juin 2020.

Deux courtes lignes dans le Journal officiel du mardi 9 juillet : c’est tout ce qu’il a fallu pour officialiser le retrait de la nationalité française par décret, signé la veille, du militant panafricaniste et farouche adversaire de la présence française en Afrique, Kémi Séba, condamné à plusieurs reprises pour violences, menaces, antisémitisme et incitation à la haine raciale. Il y est mentionné sous son vrai nom, Stellio Gilles Robert Capo Chichi, né le 9 décembre 1981 à Strasbourg.

Le ministère de l’intérieur avait engagé une procédure de retrait de la nationalité de Kémi Séba, qui possède également la nationalité béninoise par ses parents, sur la base de l’article 23-7 du code civil qui précise que « le Français qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut, s’il a la nationalité de ce pays, être déclaré, par décret après avis conforme du Conseil d’Etat, avoir perdu la qualité de Français ». Le décret, pour entrer en vigueur, doit obtenir un avis favorable de la section de l’intérieur du Conseil d’Etat. Le caractère contraignant de l’avis, qui n’a pas été rendu public, fait débat entre les différents juristes consultés par Le Monde.

« Cette décision est conforme avec la ligne de fermeté [du ministre de l’intérieur] Gérald Darmanin à l’égard des personnes qui ont un comportement contraire aux valeurs de la République et hostile aux intérêts de la France », explique-t-on place Beauvau. Selon une source proche du dossier, Kémi Séba « intervient très activement dans la vie publique du Bénin et déclare y nourrir des ambitions politiques le conduisant à aspirer à l’exercice des plus hautes fonctions de l’Etat béninois ». Par ailleurs, il mène « de manière très véhémente une activité délibérément hostile à la France, à son action et à ses intérêts dans le monde, plus spécialement dans les pays de l’Afrique francophone ». Enfin, Kémi Séba « manifeste ainsi de façon répétée, affirmée et constante une déloyauté caractérisée à l’égard de la France », justifie encore cette source.

« Plus de nationalité française ? Gloire à Dieu. Libéré je suis de ce fardeau », a réagi Kémi Séba sur le réseau social X. Il avait brûlé son passeport français le 16 mars lors d’une réunion publique à Fleury-Mérogis, que la préfecture de l’Essone avait tenté en vain d’interdire. « Me retirer la nationalité car je critique votre néocolonialisme est, chères autorités françaises, une reconnaissance (TRÈS PEU STRATÉGIQUE) (…) de l’efficacité de mon travail politique contre VOUS AUTRES, les tenants de cette Françafrique », ajoute l’activiste dans son post de mardi.

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