Benoît Jacquot et Jacques Doillon, accusés de violences sexuelles par des actrices, placés en garde à vue

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Les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon ont été placés en garde à vue, lundi 1er juillet, à la brigade de protection des mineurs, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de sources proches du dossier. Tous deux sont accusés de violences sexuelles par des actrices, dont Judith Godrèche.

Les deux hommes, qui contestent ces accusations, sont arrivés vers 9 h 30 à la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ), à Paris, accompagnés de leurs avocates, a constaté un journaliste de l’AFP.

Benoît Jacquot « va enfin pouvoir s’exprimer devant la justice », a réagi son avocate, MJulia Minkowski, qui a dénoncé une garde à vue « critiquable ». « Une audition libre aurait dû être décidée. »

Pour Me Marie Dosé, avocate de Jacques Doillon, « aucun des critères légaux ne saurait justifier cette mesure » de garde à vue « trente-six ans » après les faits dénoncés par Judith Godrèche. Son client « aurait dû être entendu dans le cadre d’une audition libre au vu de l’ancienneté des faits, de leur prescription acquise depuis plus de deux décennies, et de l’inéluctable classement sans suite qui clôturera cette enquête », a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Les deux avocates ont dénoncé les « atteintes à la présomption d’innocence » de leurs clients et la médiatisation de ces mesures.

Selon des sources proches du dossier, ces gardes à vue pourraient permettre des confrontations entre les réalisateurs et certaines de leurs accusatrices, parmi lesquelles Judith Godrèche.

Système de prédation

Début février, l’actrice de 52 ans a déclenché une nouvelle tempête dans le #metoo français en accusant successivement Benoît Jacquot de viols puis Jacques Doillon d’agression sexuelle et en portant plainte.

Judith Godrèche a porté plainte le 6 février contre Benoît Jacquot auprès de la brigade de protection des mineurs. Le parquet de Paris a ouvert une enquête sur les « infractions de viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité ». Des faits passibles de vingt ans de réclusion, même s’ils sont probablement frappés de prescription. Ils se sont déroulés à partir de leur rencontre en 1986, alors qu’elle avait 14 ans et le cinéaste 39 ans, et ont duré jusqu’en 1992. Judith Godrèche a évoqué une relation d’« emprise » et de « perversion ». Benoît Jacquot nie l’ensemble de ces accusations et insiste sur le caractère « amoureux » de cette relation longue, dénuée selon lui de brutalité et de prédation.

Dans le documentaire de Gérard Miller – lui-même accusé d’agressions sexuelles et de violsLes Ruses du désir. L’interdit (2011), Benoît Jacquot évoquait le cinéma comme une « couverture » pour ses « mœurs » et décrivait sa pratique cinématographique comme un « trafic illicite de mineures », confessant son attirance pour les jeunes actrices, dont Judith Godrèche, Virginie Ledoyen ou Isild Le Besco. Judith Godrèche a expliqué que le visionnage de ces archives lui a servi de déclencheur et l’a poussée à porté plainte.

Deux autres actrices ont porté plainte contre M. Jacquot : Julia Roy pour agression sexuelle ; Isild le Besco, fin mai, pour viols sur mineure de plus de 15 ans et viols, qui auraient été commis entre 1998 et 2007. Dans une enquête du Monde, elles témoignent, et Vahina Giocante fait également état de harcèlement sexuel

Lire l’enquête | Article réservé à nos abonnés Benoît Jacquot, un système de prédation sous couvert de cinéma

Jacques Doillon est également accusé de viol, d’agression sexuelle et de harcèlement par les actrices Judith Godrèche, Anna Mouglalis et Isild Le Besco, dont Le Monde a recueilli les témoignages. Le réalisateur disait vouloir réserver ses explications à la justice.

Le Monde avec AFP

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