Aux Etats-Unis, une commission reconnaît qu’une femme est morte en raison des restrictions sur l’avortement

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Manifestation pour défendre le droit à l’avortement devant la Cour suprême des États-Unis, à Washington, le 24 avril 2024.

Selon un article publié lundi 16 septembre par le média ProPublica, une femme est morte dans un hôpital américain en août 2022 en raison d’un retard de soin causé par les lois restrictives sur l’avortement dans l’Etat de Géorgie.

Une loi venait tout juste d’être adoptée, faisant de cette procédure – appelée dilatation et curetage (D & C) et visant à vider l’utérus – un crime, sauf en cas de rares exceptions. Les médecins avaient prévenu que la définition vague des exceptions rendait ces dernières difficiles à interpréter.

Amber Thurman, 28 ans, avait été admise dans un hôpital près d’Atlanta après avoir développé de rares complications liées à la prise de la pilule abortive pour mettre fin à sa grossesse. Cette assistante médicale, qui était mère d’un petit garçon de 6 ans, avait initialement pris rendez-vous dans un établissement de l’Etat voisin de Caroline du Nord, à quatre heures de chez elle, pour un avortement à cause de l’interdiction en vigueur en Géorgie après six semaines de grossesse. Sur place, l’établissement, débordé par les demandes d’avortement de femmes venues d’autres Etats, lui a proposé un traitement alternatif, celui de la pilule abortive (mifépristone et misoprostol).

De retour chez elle en Géorgie, elle a commencé à saigner plus que normalement prévu, et a été transportée à l’hôpital. Les médecins ont constaté qu’elle n’avait pas expulsé tous les tissus fœtaux et ont diagnostiqué une « septicémie aiguë ». Mais malgré la détérioration rapide de son état de santé, l’hôpital, confronté au flou de la définition sur les restrictions à l’intervention, a attendu dix-sept heures avant de réaliser la procédure de dilatation et de curetage. Amber Thurman est décédée durant l’opération.

Amber Thurman « devrait être en vie aujourd’hui »

Selon une commission officielle de Géorgie, il existait de « bonnes chances » qu’une procédure réalisée plus rapidement sauve sa vie. D’après ProPublica, qui a consulté des documents confidentiels, il s’agit du premier décès officiellement décrété « évitable » lié à un avortement aux Etats-Unis.

Profondément remaniée par Donald Trump, la Cour suprême américaine a rendu aux Etats en 2022 la liberté de légiférer localement sur la question devenue l’un des thèmes majeurs de la présidentielle de novembre. Les exceptions en cas de danger pour la vie de la mère incluses dans les restrictions à l’avortement ont largement été critiquées comme inefficaces par les médecins.

Des organisations américaines de défense des droits des femmes se sont indignées après la publication de l’article narrant le sort d’Amber Thurman. « Ces interdictions dévastatrices » ont « retardé les soins de routine vitaux dont elle a eu besoin », a dénoncé dans un communiqué Mini Timmaraju, de l’organisation Reproductive Freedom for All. Amber Thurman « devrait être en vie aujourd’hui », a ajouté Nancy Northup, du Center for Reproductive Rights.

« Elle est morte à l’hôpital, entourée du personnel médical qui aurait pu lui sauver la vie », a écrit sur X l’autrice féministe Jessica Valenti. « C’est le résultat des interdictions d’avortement », a-t-elle condamné.

Le Monde avec AFP

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