Aux Etats-Unis, San Francisco toujours plus fière de sa « Pride »

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Sur  les collines Twin Peaks, à San Francisco (Etats-Unis), avant la Gay Pride 2024, le 8 juin 2024. Le triangle rose, symbole de la communauté LGBTQ+, fait référence à celui utilisé par les nazis dans les camps de concentration pendant la seconde guerre mondiale.

Au moment où le drapeau arc-en-ciel est menacé d’interdiction dans plusieurs Etats républicains, il flotte haut à San Francisco. La « cité au bord de la baie » n’a jamais autant mérité sa réputation de capitale du mouvement pour les droits des gays. Du quartier de Castro à l’embarcadère, de la mairie aux grands magasins, l’étendard LGBT+ est partout, n’en déplaise aux élus de Floride, d’Ohio ou du Tennessee, qui ont voulu l’éliminer début 2024 des bâtiments officiels et des écoles. « En signe de défi à toute cette haine qui s’exprime actuellement », explique Suzanne Ford, la directrice générale de la Pride de San Francisco.

Née en 1970 sous le nom de Gay Freedom Day (journée de la liberté homosexuelle), la Pride de San Francisco est devenue l’un des événements mondiaux les plus retentissants pour la communauté LGBT+. Dans la cité californienne où a été célébré le premier mariage gay, en février 2004, elle ne se limite pas à une « marche des fiertés » d’une journée. C’est un festival entier, qui dure un mois, et voit se succéder célébrations, discussions, performances, à quoi s’ajoute un tournoi de golf, dont le but est d’introduire la diversité dans un milieu éminemment « cisgenre », selon les organisateurs.

Pour la deuxième édition, cette année, un sommet international des droits humains était aussi organisé. La conférence a répercuté les craintes de militants étrangers, victime de campagnes de haine comme Nicolas Rodriguez, du Salvador, où la Pride, a-t-il témoigné, a été la plus difficile à organiser depuis vingt-sept ans. « On pense qu’on a fait deux pas en avant, et on s’aperçoit qu’on est ramené deux pas en arrière, et parfois plus, relate Natalie Thompson, la coprésidente de l’organisme InterPride, qui fait la liaison entre les mouvements nationaux. J’ai peur de ce qui va se passer en novembre. L’élection [présidentielle de novembre, aux Etats-Unis] va avoir un impact global. »

« Tout est attaqué : nos soins de santé, notre art, notre histoire »

Dans les Etats républicains, les entreprises hésitent de plus en plus à s’afficher en soutien de la Pride, de peur d’être la cible d’appels au boycott ou d’attaques de clients, comme le supermarché Target, qui a préféré, en 2023, retirer les articles « arc-en-ciel » de ses étagères. A San Francisco, la participation des élus, responsables, institutions et médias, tombe sous le sens. Et les sponsors ne manquent pas, des compagnies aériennes aux laboratoires pharmaceutiques et chaînes de télévision. Les drag-queens sont invitées dans les magasins pour présenter leur show ou se produisent dans la rue pour des spectacles « pop up » (improvisés). Suzanne Ford espère que ces images rendront espoir aux jeunes gays qui se sentent isolés, comme ce fut son cas dans le Kentucky, Etat qu’elle a quitté il y a une dizaine d’années pour effectuer sa transition de genre, à plus de 40 ans.

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