Aux Etats-Unis, la présidente de l’université de Pennsylvanie démissionne, quatre jours après son audition par le Congrès

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La présidente de l’université de Pennsylvanie (Penn), Elizabeth Magill, a démissionné, samedi 9 décembre, quatre jours après son témoignage devant le Congrès sur les débordements antisémites survenus sur les campus de Penn, Harvard et du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Elle avait été interrogée par une représentante républicaine de l’Etat de New York, Elise Stefanik, pour savoir si l’appel au génocide des juifs violait ou pas le règlement de l’université en matière d’intimidation ou de harcèlement.

La réponse d’Elizabeth Magill, extrêmement lénifiante, avait suscité un tollé mondial. « Si le discours se transforme en conduite, cela peut être du harcèlement », avait-elle déclaré, mardi 5 décembre, expliquant aussi que la décision de qualification « dépendait du contexte ». Cette déclaration sur le « contexte » s’ajoutait à l’absence de réaction ferme à propos d’un festival de littérature palestinien, cet été, au cours duquel des propos antisémites avaient été prononcés, et qu’elle avait refusé d’annuler.

Elizabeth Magill, 57 ans, est la première présidente d’université emportée par la tourmente. Dès mercredi soir, elle avait tenté de limiter les dégâts. « J’étais concentrée sur les politiques de longue date de notre université, alignées sur la Constitution américaine, qui stipule que le discours seul n’est pas répréhensible. Je n’étais pas concentrée sur le fait irréfutable, mais j’aurais dû l’être, qu’un appel au génocide du peuple juif est un appel aux violences les plus terribles que les êtres humains puissent perpétrer. C’est le mal, clairement et simplement », s’était-elle excusée dans une vidéo.

Cette juriste, formée à Yale et passée par Stanford, est arrivée à Penn en 2022 en tant que championne de la liberté d’expression. Le premier amendement de la Constitution américaine (« Le Congrès n’adoptera aucune loi (…) pour limiter la liberté d’expression »), en fait un droit quasi absolu, à la différence de l’Europe, où la liberté d’expression est limitée.

Les auditions au Congrès sont préparées avec des avocats, qui imposent à leurs clients de ne pas sortir du cadre juridique convenu à l’avance. Résultat : Elizabeth Magill a fini pendant son audition par se perdre, comme ses collègues de Harvard et du MIT.

Donateurs milliardaires en colère

Elizabeth Magill faisait depuis plusieurs semaines l’objet de la fronde des riches donateurs de son université. Roland Lauder, héritier d’Estée Lauder et président du Congrès juif mondial, avait annoncé la suspension de ses dons dès octobre : « J’ai passé les quarante dernières années de ma vie à lutter contre l’antisémitisme partout dans le monde. Je n’aurais jamais pensé, dans mon imagination la plus folle, que je devrais le combattre dans ma propre université. » Jon Huntsman, ancien ambassadeur américain en Chine, avait aussi affirmé qu’il « fermait son carnet de chèques », estimant que « [le] relativisme moral [de l’université] » l’avait rendue « méconnaissable ».

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