Au Royaume-Uni, les syndicats s’opposent à la poursuite de l’austérité

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Le secrétaire général du Trades Union Congress, Paul Nowak, au premier jour de la conférence annuelle du syndicat à Brighton (Royaume-Uni), le 8 septembre 2024.

Des mines réjouies, des discours combatifs, une météo moins maussade que d’habitude. L’air est presque à la fête à Brighton, grosse station balnéaire du sud de l’Angleterre où le Trades Union Congress (Congrès des syndicats, TUC) tient sa réunion annuelle, du 8 au 11 septembre. La première depuis la victoire sans partage du Labour aux élections législatives du 4 juillet. Depuis que le travailliste Keir Starmer est devenu premier ministre, après quatorze ans de pouvoir conservateur, « l’espoir est de retour en politique », s’est exclamé Paul Nowak, le secrétaire général du TUC, lundi 9 septembre, lors de son discours inaugural.

Pour autant, les syndicats sont sur leurs gardes et ont prévenu Keir Starmer et sa chancelière de l’Echiquier (ministre des finances), Rachel Reeves, qui ont annoncé un projet de budget « douloureux » fin octobre pour combler un trou de 22 milliards de livres sterling (26 milliards d’euros) dans les finances publiques, qu’ils refusaient un nouveau cycle d’austérité. « Les Britanniques en ont marre de l’austérité », a lancé Mick Lynch, le charismatique secrétaire général du syndicat des cheminots RMT.

Keir Starmer a promis de « reconstruire les fondations » du Royaume-Uni et de remettre d’aplomb ses services publics, affaiblis par des décennies de sous-investissement. Mais il s’est aussi engagé à conserver les règles de discipline fiscale des tories et à réduire la dette publique. « L’austérité est un choix politique, pas un impératif économique. C’est la dernière chose dont nous avons besoin si nous voulons relancer la croissance », a cependant assuré, depuis Brighton, John McDonnell, un historique de la gauche du Labour, ex-chancelier de l’Echiquier du cabinet fantôme de Jeremy Corbyn.

L’inquiétude des syndicats se cristallise sur la fuel allowance, une subvention versée chaque année à tous les retraités pour payer leurs factures d’énergie. Rachel Reeves a annoncé qu’elle ne sera plus versée qu’aux petites pensions éligibles aux allocations complémentaires, afin de réaliser 1,4 milliard de livres d’économies. Dix millions de Britanniques vont donc perdre cette allocation, dont de nombreuses personnes âgées n’ayant pas réclamé leurs aides sociales car la démarche est fastidieuse et complexe. Cette suppression est « une erreur historique » du Labour, a tancé Mick Lynch.

Gages de Downing Street

« Je ne peux pas voter pour cette suppression alors que la crise du logement n’a jamais été aussi aiguë à Londres et que dans le pays 2 millions de retraités et 4 millions d’enfants vivent dans la pauvreté », a ajouté John McDonnell, député de l’Ouest londonien. L’opposition conservatrice a obtenu que la Chambre des communes vote mardi sur cette coupe budgétaire, en prévoyant de s’y opposer. Jusqu’à 50 élus travaillistes pourraient aussi voter contre ou s’abstenir, selon le Guardian. Ces décisions « difficiles » sont nécessaires, a réaffirmé Keir Starmer, lundi. La veille, sur le plateau de la BBC, il assumait d’être « impopulaire » et se disait déterminé à « changer » le pays.

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