Au Nicaragua, le président Ortega lance une réforme pour accroître son pouvoir

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Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, et son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo, à Managua, le 5 septembre 2018.

Le président nicaraguayen, Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2007, en veut davantage. Dans un pays marqué par un contexte de répression accrue depuis des manifestations de masse en 2018, le chef de l’Etat a lancé une réforme constitutionnelle qui devrait lui accorder davantage de contrôle sur la société.

Le projet, consulté par des médias dont l’Agence France-Presse, mercredi 20 novembre, a été soumis à l’Assemblée nationale, contrôlée par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche) au pouvoir, et devrait être adopté sans problème.

La réforme prévue élève notamment l’épouse de M. Ortega, la vice-présidente Rosario Murillo, au rang de « coprésidente ». « La présidence de la République est composée d’un coprésident et d’une coprésidente », qui seront désignés lors d’élections organisées « tous les six ans », et non plus tous les cinq ans, selon le texte.

Restrictions sur les médias

Ancien guérillero de 78 ans qui a dirigé le Nicaragua dans les années 1980, M. Ortega, qui a été réélu pour un quatrième mandat consécutif de cinq ans en novembre 2021, est accusé par les Etats-Unis, l’Union européenne et les pays d’Amérique latine d’avoir instauré une autocratie dans le pays.

Le nouveau texte stipule aussi que « les traîtres à la patrie perdent la nationalité nicaraguayenne ». Quelque 450 politiciens, hommes d’affaires, journalistes, intellectuels, militants des droits de l’homme et membres du clergé ont été expulsés du pays et déchus de leur nationalité à la suite des manifestations de 2018.

Daniel Ortega et son épouse accusent l’Eglise, les journalistes et les ONG d’avoir soutenu ces manifestations qui ont fait plus de 300 morts, selon l’ONU ; le couple les considèrent comme une tentative de coup d’Etat soutenue par Washington.

Le projet établit également des restrictions sur les médias. « L’Etat veillera à ce que les médias ne soient pas soumis à des intérêts étrangers et ne diffusent pas de fausses nouvelles », souligne-t-il. Au total, 278 journalistes se sont exilés et exercent leur profession depuis le Costa Rica et les Etats-Unis, tandis qu’une cinquantaine de religieux ont été envoyés à l’étranger, principalement au Vatican.

Un projet « illégitime », selon l’Organisation des Etats américains

Dans la réforme, le gouvernement prévoit la création d’une « police volontaire », composée de civils, en « soutien » aux forces de sécurité. Lors de la contestation de 2018, des hommes lourdement armés et cagoulés sont intervenus pour lever les tranchées installées par les étudiants de l’université et contrôler les manifestants. Des milliers de personnes ont pris le chemin de l’exil.

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Selon le projet, le Nicaragua se définit comme un Etat « révolutionnaire » et inclut le drapeau rouge et noir du FSLN parmi ses symboles nationaux.

Le bureau du secrétaire général de l’Organisation des Etats américains a condamné, mercredi, les réformes constitutionnelles proposées. « Le projet de “réforme” est illégitime dans sa forme et son contenu. Il constitue simplement une forme aberrante d’institutionnalisation de la dictature matrimoniale dans le pays d’Amérique centrale, et une attaque définitive contre l’Etat de droit démocratique », déclare-t-il dans un communiqué.

Le Monde avec AFP

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