Au ministère du travail, de la santé et des solidarités, Catherine Vautrin, une ministre venue du terrain

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Catherine Vautrin sort du conseil des ministres à Paris, le 14 février 2024.

A peine installée dans son bureau du fastueux hôtel du Châtelet, rue de Grenelle, ce vendredi 12 janvier, Catherine Vautrin appelle Jean-Louis Borloo. Dans le fauteuil de ministre du travail, elle repense aux mots de ce dernier lorsque, en 2004, il était assis à cette même place face à elle, sa secrétaire d’Etat. « Le temps est compté, tu n’as pas une seconde, tu ne sais pas quand ça s’arrête, tu regretteras de toute façon de ne pas avoir été assez vite », l’avait-il mis en garde.

Pour Catherine Vautrin, les choses risquent d’aller d’autant plus vite que les dossiers sont nombreux à gérer. Numéro trois du gouvernement dans l’ordre protocolaire, elle a hérité d’un ministère au périmètre immense. Démesuré, diront certains : ministre du travail, de la santé et des solidarités. Surtout quand il a fallu le digérer seule pendant un mois, dans l’attente de la tardive nomination, jeudi 8 février, de deux ministres délégués, Frédéric Valletoux, chargé de la santé, et Fadila Khattabi, chargée des personnes âgées et des personnes handicapées.

En mai 2022, la France découvre le nom de la présidente du Grand Reims, ancienne secrétaire d’Etat à l’intégration, puis aux personnes âgées, et ministre déléguée à la cohésion sociale entre 2004 et 2007. A peine réélu président de la République, Emmanuel Macron jette son dévolu sur cette transfuge du parti Les Républicains (LR) pour devenir sa troisième première ministre issue de la droite, après Edouard Philippe et Jean Castex.

L’ancienne députée de la Marne est reçue à l’Elysée, réfléchit à la composition de son gouvernement et appelle sa mère pour l’informer de la bonne nouvelle. Mais le chef de l’Etat finit par céder aux pressions des macronistes historiques, vent debout contre cette femme de droite aux positions jugées trop conservatrices. Son hostilité au mariage pour tous en 2013 est mise en avant, et tant pis si elle a changé d’avis sur le sujet depuis et dit avoir eu le plaisir de marier des couples du même sexe. Elisabeth Borne lui est préférée, avec l’appui d’Alexis Kohler, l’influent secrétaire général de l’Elysée.

Ancrage territorial

« Son entrée au gouvernement n’est pas un rattrapage, mais c’est un choix qui marque une cohérence », fait-on savoir dans l’entourage du président. Une décision d’Emmanuel Macron avant d’être celle de son premier ministre, Gabriel Attal. Une façon pour le président de confirmer sa première intuition, alors que le lien n’a jamais été rompu depuis 2022. Avec cette élue locale, la majorité n’achète pas une marque, à la différence de Rachida Dati, ministre de la culture et ancienne camarade des années UMP-LR. Dans une Macronie accusée de parisianisme, Catherine Vautrin incarne l’ancrage territorial.

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