
LETTRE DE CASABLANCA

Jeudi 18 septembre, le roi Mohammed VI inaugurait de nouvelles installations dans le port de Casablanca. Les images télévisées ce jour-là montrent le souverain traversant la ville en Mercedes sous escorte policière, puis foulant un tapis rouge au son d’une fanfare militaire. Réunis pour l’occasion, des employés du complexe portuaire l’applaudissent, tandis que des ministres et de hauts responsables se courbent l’un après l’autre à son passage pour lui embrasser la main, l’épaule ou le bras, avant que le monarque n’entame l’objet de sa visite : inspecter pour 5 milliards de dirhams (environ 470 millions d’euros) de chantiers « visant à conforter le rayonnement économique et touristique de la métropole », selon la première chaîne, Al-Aoula.
Le contraste est saisissant entre cette séquence, officiellement un symbole de « la dynamique de développement du Maroc », et l’ambiance qui dominait la veille à Agadir, à cinq heures de route au sud. Dépêché à l’hôpital public Hassan-II après la mort suspecte de huit femmes, le ministre de la santé, Amine Tahraoui, y annonçait le limogeage de son directeur et de plusieurs cadres régionaux. Ce qui s’apparente à un scandale sanitaire – les patientes sont décédées en l’espace d’une semaine après avoir accouché par césarienne – a provoqué un tollé au niveau local, où des manifestations se sont tenues devant l’hôpital, l’onde de choc s’étant propagée dans tout le royaume.
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