Au Liban, un nouveau gouvernement, dirigé par Nawaf Salam, a été formé, après plusieurs semaines de difficiles tractations

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Le premier ministre libanais, Nawaf Salam, s’exprime devant la presse au palais présidentiel de Baabda (Liban), le 8 février 2025.

Un nouveau gouvernement, dirigé par Nawaf Salam, a été formé, samedi 8 février, au Liban, après plusieurs semaines de difficiles tractations, a annoncé la présidence de la République. « Le président [Joseph] Aoun a signé un décret acceptant la démission du gouvernement du premier ministre [par intérim] Najib Mikati (…) et un autre sur la formation d’un gouvernement de 24 ministres » dirigé par M. Salam, a déclaré la présidence dans un communiqué.

Le nouveau gouvernement libanais comprend cinq femmes ainsi que des personnalités connues comme Ghassan Salamé, ancien émissaire de l’ONU en Libye.

Le premier ministre a déclaré samedi que son cabinet s’efforcerait d’être un « gouvernement de réforme ». M. Salam a assuré qu’il s’efforcerait de « rétablir la confiance entre les citoyens et l’Etat, entre le Liban et ses voisins arabes, et entre le Liban et la communauté internationale », après une guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement pro-iranien Hezbollah.

Après plus de deux ans de gouvernance intérimaire, l’affaiblissement du Hezbollah lors de sa guerre avec Israël a permis à l’ancien commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, considéré comme le candidat préféré de Washington, d’être élu président le 9 janvier et d’approuver la nomination de M. Salam comme premier ministre.

Fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah

Le gouvernement est confronté à la tâche ardue de mettre en œuvre les réformes nécessaires pour débloquer des milliards de dollars auprès des donateurs internationaux – dans un contexte de forte crise économique au Liban –, de superviser un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah et de reconstruire un pays marqué par la guerre. Il devra également revoir les accords, notamment avec le Fonds monétaire international, et préparer les élections législatives prévues pour l’année prochaine.

L’ONU a salué, samedi, la formation de ce nouveau gouvernement, qui « annonce un nouveau chapitre plus radieux pour le Liban », a déclaré le bureau de la représentante des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, dans un communiqué.

M. Salam avait déclaré que son gouvernement exclurait les membres des partis politiques et toute personne ayant l’intention de se présenter aux élections législatives prévues pour l’année prochaine. Ses ministres ne sont donc pas membres de partis politiques, mais il les a nommés après avoir consulté les dirigeants politiques, dans un pays où le pouvoir est depuis longtemps partagé selon des quotas confessionnels.

Avant que le nouveau gouvernement ne puisse exercer ses pouvoirs, il doit rédiger une déclaration ministérielle qui doit être soumise à un vote de confiance au Parlement dans les trente jours. Le Parlement libanais, qui compte 128 sièges, est principalement dominé par des partis traditionnels à base confessionnelle.

L’équilibre des pouvoirs bouleversé par la guerre

La communauté internationale a longtemps exhorté le Liban à mettre en place des réformes pour débloquer des milliards de dollars destinés à stimuler une économie minée depuis 2019 par une crise financière. Le nouveau gouvernement devra revoir les accords, notamment avec le Fonds monétaire international (FMI), et préparer les élections législatives.

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L’ambassade des Etats-Unis au Liban a salué, samedi, la formation d’un nouveau gouvernement dans le pays. « Le peuple libanais mérite un gouvernement qui reconstruira les institutions de l’Etat libanais, luttera contre la corruption et mettra en œuvre les réformes nécessaires », a déclaré l’ambassade sur le réseau social X.

« Je félicite chaleureusement le Liban pour la formation d’un nouveau gouvernement et souhaite au premier ministre, Nawaf Salam, et à son gouvernement tous mes vœux de succès », a affirmé dans un communiqué la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.

Au Liban, l’équilibre des pouvoirs a été bouleversé après la guerre entre Israël et le Hezbollah, puissant mouvement chiite très influent dans le pays. Après le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque du 7 octobre 2023 du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur Israël, pays voisin du Liban, disant agir en soutien aux Palestiniens. L’armée israélienne a décimé la direction du Hezbollah en éliminant son chef, Hassan Nasrallah, ainsi que plusieurs de ses hauts responsables, en marge de la guerre à Gaza, tandis que la chute du président syrien, Bachar Al-Assad, allié du Hezbollah, a porté un coup à sa ligne d’approvisionnement en armes.

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Le Monde avec AFP

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