Au Chili, le candidat d’extrême droite José Antonio Kast élu président, la candidate de gauche reconnaît sa défaite

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Le candidat ultraconservateur à la présidentielle chilienne, José Antonio Kast, à Santiago, au Chili, le dimanche 14 décembre 2025.

Le Chili a élu, dimanche 14 décembre, un président d’extrême droite, trente-cinq ans après la fin de la dictature d’Augusto Pinochet. D’après les résultats officiels provisoires, et conformément aux sondages, l’ultraconservateur José Antonio Kast, avocat de 59 ans, possède un net avantage de suffrages (58 %) sur sa concurrente du second tour, Jeannette Jara (42 %), une communiste modérée représentant une vaste coalition de gauche, après le dépouillement de 83 % des bulletins.

« La démocratie s’est exprimée haut et fort », a écrit Mme Jara sur son compte X, disant avoir communiqué « avec le président élu », « pour lui souhaiter du succès, pour le bien du Chili ».

« À ceux qui nous ont soutenus et qui se sont ralliés à notre candidature, soyez assurés que nous continuerons à œuvrer pour améliorer la vie dans notre pays », a-t-elle ajouté.

José Antonio Kast en était à sa troisième tentative d’accéder à la présidence. Après avoir voté à Paine, à 40 kilomètres de Santiago, et s’être pris en selfie avec des sympathisants, il a été applaudi par une foule scandant « Kast, président ».

Catholique pratiquant et père de neuf enfants, l’ex-député a fait campagne sur la lutte contre la criminalité et la promesse d’expulser les près de 340 000 migrants en situation irrégulière, pour la plupart des Vénézuéliens ayant fui la crise dans leur pays.

En face, Jeannette Jara, 51 ans, ministre du travail du président sortant Gabriel Boric, a promis l’augmentation du salaire minimum et la défense des retraites. Au premier tour le 16 novembre, les deux candidats ont obtenu chacun un quart des suffrages, avec une légère avance pour la gauche. Mais l’ensemble des candidats de droite a réuni 70 % des voix.

Fort sentiment d’insécurité

La criminalité et l’immigration irrégulière sont en tête des préoccupations exprimées par des Chiliens lors d’enquêtes d’opinion, devant les difficultés économiques liées à une croissance atone. « Le pays s’effondre », répète à l’envi José Antonio Kast, candidat du Parti républicain, qu’il a fondé en 2019. Les experts parlent de perceptions en décalage avec la réalité.

Si le taux d’homicides a doublé au cours de la dernière décennie, il est en recul ces dernières années et est bien inférieur à la moyenne régionale. Les délits violents, comme les enlèvements et l’extorsion, ont néanmoins augmenté. M. Kast, opposé à l’avortement même en cas de viol ainsi qu’au mariage homosexuel, a mis en sourdine pendant cette campagne ses positions conservatrices.

Le discours sécuritaire de la droite et de l’extrême droite au Chili trouve d’autant plus d’écho que le gouvernement de gauche sortant a généré des frustrations. La révolte sociale de 2019 pour davantage d’égalité sociale a été marquée par des violences puis percutée par la crise sanitaire.

L’ultraconservateur a soutenu la dictature militaire et assuré que si Pinochet était en vie il voterait pour lui. Des enquêtes menées par des médias en 2021 ont révélé que son père, né en Allemagne, avait été membre du NSDAP, le parti d’Adolf Hitler. José Antonio Kast affirme que son père a été enrôlé de force dans l’armée allemande et nie qu’il ait été un partisan du mouvement nazi.

Le Monde avec AFP

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