Après la réélection d’Abdelmadjid Tebboune, l’Algérie au défi d’une géopolitique régionale tourmentée

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Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, samedi 7 septembre 2024, jour de l’élection présidentielle, à Alger.

Des vents mauvais soufflent aux confins sahariens de l’Algérie à l’heure où ses relations avec le Maroc, le Sahel et la Libye sont plus troublées que jamais. Abdelmadjid Tebboune, le président algérien sortant, 78 ans, dont l’annonce de la réélection, avec 94,65 % des suffrages, est tombée dimanche 8 septembre, va-t-il pouvoir rétablir la position stratégique de son pays, très dégradée ces dernières années ? Le défi géopolitique posé par l’arc de crises se déployant aux frontières nationales sera, sans nul doute, l’un des plus gros dossiers de son second mandat.

Si la menace est souvent dramatisée dans la presse algérienne sur le mode du complot – « Un plan se dessine visant à encercler l’Algérie par des conflits dans les pays limitrophes (…), dans un objectif évident de déstabilisation », écrit ainsi le quotidien Le Soir d’Algérie dans une chronique publiée le 2 septembre, intitulée « La machination » – il est un fait que l’environnement régional du pays est devenu volatil. Et qu’Alger peine à reprendre la main comme si son logiciel diplomatique était frappé d’obsolescence.

Dénonciation de l’accord d’Alger

Alors que le différend avec le Maroc autour du Sahara occidental ne cesse de s’envenimer, au point de nourrir une inquiétante course aux armements, un nouveau foyer de crise s’est allumé en 2024 avec le Mali. Le 25 janvier, Bamako a en effet dénoncé l’« accord d’Alger » sur la stabilisation du nord du Mali signé en 2015 avec les groupes rebelles sous les auspices de l’Algérie.

Le geste de rupture ne faisait que consacrer une nouvelle donne sur le terrain où la junte malienne issue des deux putschs de 2020 et 2021 a repris l’offensive contre les groupes rebelles du nord – touareg et arabes – avec l’appui des paramilitaires russes de Wagner.

Les autorités de Bamako ont alors fustigé l’« ingérence » de l’Algérie protégeant ses alliés touaregs et arabes, désormais « terroristes » à leurs yeux, tandis que la presse algérienne brandissait le spectre d’un nouveau « chaos au Mali ». De fait, les affrontements ont repris dans le Mali septentrional jusqu’à culminer durant l’été : une sévère défaite essuyée par les forces de Bamako et des soldats de Wagner (25-27 juillet) dans la région de Tin Zaouatine, à la frontière algérienne, a été suivie un mois plus tard par des bombardements de drones maliens, les fameux Bayraktar TB2 de fabrication turque, dans cette même zone frontalière avec l’Algérie au prix de nombreuses victimes civiles.

« Sécuriser les frontières »

« En deux jours, 5 000 personnes ont afflué en Algérie », précise Abdelaziz Rahabi, ancien ministre et ambassadeur algérien. Face à la gravité des événements, le représentant permanent de l’Algérie aux Nations unies, Amar Bendjama, a aussitôt dénoncé à Washington « les violations des armées privées utilisées par certains pays » – allusion à Wagner au service de Bamako –, allant jusqu’à réclamer des « sanctions ». Son homologue malien l’a accusé en retour de se faire « le relais de la propagande terroriste dans [la] région ».

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