

Cheveux teints en bleu, piercings aux lèvres et lunettes aux montures transparentes, « Zayi » (qui n’a pas souhaité communiquer son nom, comme les autres personnes interrogées) colle une affichette sur un poteau électrique de Mexico. On y voit une scène de sacrifice préhispanique, dans laquelle un prêtre plante un couteau dans le cœur d’un homme. Un texte en anglais proclame : « Si tu gentrifies chez moi, c’est ce qui va t’arriver, étranger irresponsable. » L’étudiante de 19 ans et son compagnon « Tlacuache », maçon anarchiste de 20 ans, revendiquent le côté provocateur du message, mais réfutent toute xénophobie. « Ce n’est pas contre le gringo, c’est contre le rico [“riche”] », précisent-ils, avant de rejoindre la centaine d’autres jeunes participants à la troisième manifestation contre la gentrification organisée samedi 26 juillet, à Mexico.
La gentrification, ou le remplacement des habitants historiques de certains quartiers par des nouveaux arrivants aux revenus plus importants, a pris de l’ampleur dans la capitale mexicaine. Les prix des loyers y ont bondi de 50 % depuis 2020, obligeant certains foyers à consacrer plus de la moitié de leurs revenus à se loger, et d’autres à déménager vers des quartiers plus accessibles. Acheter un appartement est impensable pour la grande majorité des habitants de la ville, où les prix au mètre carré frôlent 3 000 euros, sans compter le taux d’intérêt de l’emprunt immobilier qui dépasse 10 %.
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