
La garde nationale des Etats-Unis a commencé à être déployée dans Los Angeles, dimanche 8 juin, après plusieurs jours de manifestations contre les opérations menées par la police de l’immigration dans la mégalopole californienne et ses environs. Le président américain, Donald Trump, avait ordonné l’envoi de troupes fédérales, samedi, sans être sollicité sur ce point par le gouverneur démocrate de l’Etat, Gavin Newsom – une initiative extrêmement rare.
Les soldats de la garde nationale ont notamment été vus près du centre pénitentiaire du centre de Los Angeles, ou des heurts entre manifestants et forces de l’ordre locales ont eu lieu à plusieurs reprises ces derniers jours. D’autres affrontements ont eu lieu à Paramount et à Compton, deux villes du sud de l’immense aire urbaine où résident de nombreux immigrés en provenance d’Amérique latine.
« Si le gouverneur de Californie, Gavin Newscum [de son vrai nom Gavin Newsom], et la maire de Los Angeles, Karen Bass, ne peuvent pas faire leur travail, ce que tout le monde sait, alors le gouvernement fédéral interviendra et résoudra le problème », avait déclaré Donald Trump sur son réseau Truth Social en modifiant le nom de famille du gouverneur démocrate – scum en anglais signifie « racaille ».
Le gouverneur de Californie a affirmé que si l’administration Trump déployait la garde nationale, c’est parce qu’elle voulait « faire spectacle ». « Ne lui faisons pas ce plaisir. N’utilisez jamais la violence. Exprimez-vous pacifiquement », a poursuivi Gavin Newsom sur les réseaux sociaux. « Tout le monde a le droit de manifester pacifiquement, mais soyons clairs : la violence et la destruction sont inacceptables et les responsables devront rendre des comptes », a, pour sa part, déclaré la maire de Los Angeles, Karen Bass.
Le ministre de la défense, Pete Hegseth, a menacé de faire appel à l’armée régulière basée non loin de Los Angeles. Si nécessaire, les « marines de Camp Pendleton seront également mobilisés. Ils sont déjà en état d’alerte », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux. Le dernier déploiement de la garde nationale en Californie remonte à 2020, à la suite des violentes émeutes provoquées dans tout le pays par la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par un policier à Minneapolis (Minnesota).
Los Angeles s’est déclarée comme étant une « ville sanctuaire » pour les immigrés, comme d’autres métropoles américaines en désaccord avec la politique migratoire de Donald Trump. Ce mouvement consiste, notamment, à limiter les informations qu’elles partagent avec les autorités fédérales. Dans certains cas, les polices locales ont pour interdiction d’interpeller un immigré en situation irrégulière sur la seule base de son statut migratoire. La mégapole californienne a adopté ce statut en novembre 2024, dans la foulée de l’élection de Donald Trump, s’engageant à ne pas utiliser les ressources de la municipalité contre les personnes immigrées.
Une politique que dénonce l’administration Trump, qui souhaite priver de subventions fédérales les villes sanctuaires − décision retoquée en justice. Depuis son retour à la tête des Etats-Unis, en janvier, le président et son administration ont multiplié les initiatives pour expulser un maximum de sans-papiers du pays, tout en cherchant à étendre leurs prérogatives en la matière. Le ministère de la sécurité intérieure a déclaré que les opérations menées par l’ICE à Los Angeles cette semaine avaient abouti à l’arrestation de « 118 étrangers, dont cinq membres de gangs ».
Samedi matin, de nouveaux heurts ont eu lieu au moment où des membres de la police de l’immigration s’étaient rassemblés à Paramount, près d’un grand magasin de bricolage Home Depot, où des travailleurs viennent traditionnellement proposer leurs services à la journée. Des manifestants ont jeté des objets sur les forces de l’ordre et tenté d’empêcher un autocar de quitter les lieux. Les agents les ont repoussés à l’aide de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Certains protestataires s’en sont également pris à un car de l’US Marshals Service qui sortait d’une autoroute voisine, conduisant les autorités à fermer les bretelles d’accès.
Dans l’après-midi, les rues étaient jonchées de débris et de chariots de supermarché renversés, selon les images des médias américains. Les affrontements avec la police se sont poursuivis jusque dans la soirée, avant de s’interrompre avec la nuit. « Plusieurs arrestations ont déjà été faites pour obstruction à nos opérations, a écrit, sur X, le directeur adjoint de la police fédérale, Dan Bongino. Plusieurs autres arrivent. Nous épluchons les vidéos pour identifier les auteurs. Vous amenez le chaos, on apporte les menottes. »