à l’approche des Jeux, les associations de lutte contre la pauvreté craignent un « nettoyage social »

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Un sans-abri sur le Pont-Neuf, à Paris, le 5 mars 2024.

C’est une tendance que les associations humanitaires perçoivent depuis plusieurs semaines à Paris. Les témoignages de sans-abri disant être de plus en plus confrontés à l’intervention de la police remontent de manière plus fréquente. Ici, sur un quai de Seine, un exilé délogé par un van de la Préfecture de police. Là, place de la Concorde, une vieille dame à qui on a demandé de partir avec ses sacs. Dans le bois de Boulogne, des salariés pauvres qui dorment dans leur véhicule rapportent être plus fréquemment sommés par la fourrière de circuler.

Voilà une semaine, le 6 mars, c’est un campement de plusieurs centaines de mineurs isolés installés sous les ponts de la Seine qui a été évacué. Par mesure de sécurité au regard de la crue de la Seine, a expliqué la préfecture. De gros rochers blancs ont été placés derrière des grilles pour éviter le retour des tentes. Plusieurs opérations du même type avaient été organisées depuis l’été 2023 : à chaque fois, les personnes délogées sont laissées sans solution d’hébergement.

« J’ai de plus en plus d’appels de personnes fragiles qui m’alertent parce qu’elles sont chassées de là où elles dorment », affirme Elina Dumont, présidente du collectif Les Oubliés de la République. Même constat de l’association Utopia 56 : « On a une intensification des opérations de délogement avec les JO [Jeux olympiques] qui approchent. C’est catastrophique parce que cela devient de plus en plus difficile de les trouver pour leur venir en aide », atteste Nikolaï Posner, son porte-parole.

Des lieux d’accueil touchés par les restrictions de circulation

Les JO seraient-ils l’occasion d’un « nettoyage social » de l’espace urbain ? C’est la crainte des organisations caritatives. Dans une tribune publiée le 6 février dans Le Monde, le collectif Le Revers de la médaille, qui regroupe quatre-vingts associations (dont Médecins du monde, le Secours catholique et Action contre la faim), a alerté sur ces « expulsions forcées » qui fragilisent les populations en grande précarité et ruine le travail des travailleurs sociaux.

Paris et sa banlieue concentrent les symptômes de la précarité grandissante depuis une dizaine d’années et le phénomène s’est accentué avec l’épidémie de Covid-19 et la montée de l’inflation. La dernière Nuit de la solidarité (à la fin de janvier) a dénombré 3 492 « personnes en situation de rue », soit une augmentation de 16 % par rapport à l’édition de 2023.

Voilà des mois que les ONG alertent la préfecture de région sur le devenir des sans-domicile-fixe (SDF), qu’ils soient migrants récemment arrivés, sans-papiers salariés, travailleurs ou retraités pauvres. La situation s’est d’autant plus tendue que plusieurs hôtels utilisés par le SAMU social pour héberger les personnes appelant le 115 ont fermé pour effectuer des travaux et retourner à une activité hôtelière classique en prévision des JO.

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