A Guadalajara quand le livre y est roi

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A la Foire internationale du livre de Guadalajara, le 30 novembre.

Le plus frappant, en arrivant dans l’immense espace de la Foire internationale du livre (FIL) de Guadalajara (dans l’Etat de Jalisco, dans le nord-ouest du Mexique), est cette marée humaine qui descend la large rampe d’accès et envahit tous les jours ces 45 000 mètres carrés d’exposition. De longs cortèges se forment à toute heure devant la billetterie, les salles de conférences et les auteurs qui signent leurs ouvrages. Pour sa 38e édition, la FIL a reçu 1,1 million de visiteurs en neuf jours, du 30 novembre au 8 décembre. Elle continue d’être le plus important salon littéraire en langue espagnole, avec la présence de près de 650 auteurs et de 2 800 maisons d’édition.

Non seulement ce salon rassemble une foule de curieux, mais il est aussi devenu, au fil des ans, le rendez-vous annuel du monde intellectuel et littéraire du Mexique, où résonnent les principaux débats qui animent le pays. Cette année, des personnalités aux opinions diverses, voire antagonistes, ont échangé sur le féminisme, la migration, la démocratie ou encore la militarisation. « La FIL est un trésor national dont il faut prendre soin, elle a survécu à tous les soubresauts du pays et reste le meilleur espace de pluralisme et de diversité », observe la politologue mexicaine Denise Dresser.

Pour la littérature, la foire propose un programme prestigieux : cette année, les têtes d’affiche étaient le Tanzanien Abdulrazak Gurnah, Prix Nobel de littérature 2021, et l’écrivain mozambicain Mia Couto, qui a été récompensé du prix FIL de littérature en langues romanes ; une distinction qui avait été remise en 2013 à Yves Bonnefoy (1923-2016) et quatre ans plus tard à Emmanuel Carrère.

La FIL a été fondée en 1987 au sein de l’université de Guadalajara – la deuxième plus importante du pays après l’université nationale autonome du Mexique (UNAM, Mexico) – par son ancien recteur, Raul Padilla Lopez, mort en 2023. « Raul était l’ami de José Saramago, de Carlos Fuentes, de Mario Vargas Llosa, de Salman Rushdie. Il a ainsi pu inviter des Prix Nobel delittérature mais aussi des scientifiques pour faire de la FIL le plus grand événement culturel du pays », explique Nicolas Alvarado, responsable de la manifestation « FIL pensée » depuis huit ans.

« Synergie entre le monde du livre et le monde académique »

C’est son frère, José Trinidad Padilla ­Lopez, lui-même ancien recteur (2001-2007) de cette prestigieuse université, qui a repris la présidence de la FIL à la mort de Raul. « Réaliser une foire en partenariat avec l’université permet de réunir les acteurs du monde du livre et d’offrir une valeur ajoutée que seule une institution éducative peut apporter, en organisant des colloques de très haute qualité. On peut la décrire comme une foire hybride, où la synergie entre ces deux univers, le monde du livre et le monde académique, profite grandement au public et aux professionnels de l’édition », estime José Trinidad.

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