

Sur les gigantesques affiches de campagne encore apposées ces derniers jours aux carrefours et principaux axes routiers de Lefkosa, la partie turque de Nicosie, Ersin Tatar sourit de son visage rond : le président sortant de la République turque de Chypre du Nord (RTCN), qu’aucun Etat ne reconnaît à l’exception d’Ankara, se donne des airs de triomphe avant l’heure. Peut-être pour conjurer le sort.
L’ensemble des sondages ont situé, au cours des dernières semaines, ce nationaliste proturc et opposant décomplexé à toute réunification de l’île derrière ou, au mieux, au coude-à-coude avec son principal adversaire, le social-démocrate et partisan d’une solution fédérale Tufan Erhüman, laissant même entrevoir une victoire de ce dernier dès le premier tour, dimanche 19 octobre. Les six autres candidats, indépendants pour la plupart, totalisent moins de 1 % des intentions de vote.
Vainqueur surprise en 2020, Ersin Tatar semble, d’après les enquêtes, payer son alignement trop voyant et systématique sur Ankara, au moment même où le pouvoir turc n’a eu de cesse toutes ces dernières années de renforcer son emprise sur le nord de l’île. Début juillet, lors d’un échange public avec le député chypriote au Parlement européen Fidias Panayiotou, le président candidat s’est même senti dans l’obligation de préciser qu’il n’était pas « la marionnette » de Recep Tayyip Erdogan, l’homme fort de la Turquie.
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