à Belgrade, les manifestations contre le régime de Vucic se poursuivent

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Quelques centaines de manifestants ont de nouveau bloqué plusieurs artères de la capitale serbe, lundi 25 décembre, avant de se réunir devant des commissariats pour réclamer la libération des protestataires arrêtés la veille lors d’affrontements devant la mairie de Belgrade. « Le temps des marches est terminé, c’est l’heure de l’action. » En première ligne de la foule rassemblée devant l’hôtel de ville dimanche, le vétéran du Parti démocrate et membre de la coalition pro-européenne Serbie contre la violence (SPN), Srdjan Milivojevic, ne cachait pas sa colère.

Depuis la proclamation de victoire controversée du parti de droite nationaliste pro-russe d’Aleksandar Vucic (SNS) lors des élections législatives anticipées du 17 décembre, des manifestations ont eu lieu tous les soirs devant la commission électorale. L’opposition demande l’annulation d’un scrutin qu’elle considère « complètement truqué », ainsi que le départ du président Vucic.

D’abord pacifiques, les rassemblements se sont tendus dimanche soir : une centaine d’étudiants ont brisé les vitres du conseil municipal afin de s’y introduire, avant que la police ne les repousse. Trop peu pour inquiéter le président Vucic : « Il ne s’agit pas d’une révolution, ils n’y parviendront pas », a-t-il réagi dans la soirée. Trente-huit personnes, dont une majorité d’étudiants, ont été arrêtées, tandis que deux policiers ont été « grièvement blessés », selon les autorités serbes. Lundi, le ministre de la défense Milos Vucevic a qualifié les jeunes manifestants de « purs voyous sans aucune opinion politique », qui « feraient mieux de se préparer pour les examens de janvier ».

« Achats de voix » et « bourrages d’urnes »

Quelques mois après la fusillade, en mai, dans une école de Belgrade, qui avait secoué le pays, les partis d’opposition serbes, réunis sous la bannière du SPN, comptaient sur les élections pour abattre « la broyeuse SNS » au pouvoir depuis 2012. Ces ambitions ont été balayées. Le 17 décembre, Vucic a annoncé la victoire de son parti avec 46,7 % des voix ; contre 23,58 % pour le SPN.

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Mais, selon un rapport présenté par des observateurs internationaux, comprenant des représentants de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, « des achats de voix » et « des bourrages d’urnes » ont été constatés dans de nombreux bureaux de votes. Le 29 novembre, une journaliste du Centre pour le journalisme d’investigation de Serbie avait déjà révélé l’existence de centres d’appels destinés à inciter les citoyens serbes à voter pour les candidats du SNS. Serbie contre la violence a également dénoncé le fait que « plus de 40 000 personnes » auraient voté dans la capitale sans en être résidents. Des bus immatriculés en Bosnie-Herzégovine, et soupçonnés de transporter des citoyens de la Republika Srpska, l’entité serbe en Bosnie, ont été aperçus près de bureaux de vote de Belgrade le jour du scrutin.

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