
L’industrie automobile européenne traverse une crise profonde. Pour beaucoup, le coupable serait tout trouvé – l’interdiction des voitures neuves à moteur thermique en 2035 en Europe. Or, ce diagnostic est faux pour deux raisons essentielles. Si notre industrie automobile souffre, c’est d’abord à cause d’un marché intérieur en décroissance et d’une perte de compétitivité à l’export, notamment en Chine, qui est devenu de très loin le premier marché automobile du monde.
On vend aujourd’hui en Europe 6 millions de voitures de moins qu’en 2019. Les raisons de cette décroissance sont multiples, mais ont une explication fondamentale : l’augmentation significative du prix des voitures, quelles que soient les motorisations, bien au-delà de l’inflation moyenne. Entre 2018 et 2024, le prix des voitures neuves a augmenté de 40 %, passant de 26 000 euros à 36 700 euros. Cette tendance lourde n’est pas le fruit du hasard. Au-delà des réglementations liées à la sécurité routière, qui ont objectivement contribué à augmenter le poids des voitures, les constructeurs ont eux-mêmes organisé la baisse des volumes de ventes : en privilégiant une stratégie de valeur – vendre moins de voitures, mais plus cher –, ils ont maximisé leurs marges à court terme, tout en affaiblissant la base industrielle.
Carlos Tavares [ex-PDG de Stellantis] le résumait sans détour en disant : « Je préfère la valeur au volume. » Moins de voitures produites, c’est moins d’emplois dans les usines, des carnets de commandes en berne chez les sous-traitants et des véhicules qui deviennent hors de prix pour la classe moyenne. La base sociologique des acheteurs de voitures neuves ne cesse de se resserrer, créant des frustrations croissantes dans la partie de la société qui n’a plus les moyens de s’offrir une voiture neuve. La priorité doit donc être de se recentrer sur une stratégie poussant les constructeurs à produire des voitures que les Européens peuvent acheter ! C’est pourquoi je soutiens le plan de la Commission européenne, appuyé, par exemple, par Renault et Stellantis, pour développer des petites voitures zéro émission faites en Europe.
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