
« Levez-vous, battons-nous. » C’est le message qu’a voulu adresser Amine Kessaci, mercredi 19 novembre, au lendemain des obsèques de son petit frère Mehdi, abattu, le 12 novembre, par deux hommes à moto en plein jour, à Marseille. « ll faut aujourd’hui que plus de 100 000 personnes se mobilisent, a déclaré, au « 20 heures » de France 2, ce militant écologiste de 22 ans qui lutte depuis plusieurs années contre le narcobanditisme et qui vit sous protection policière. Ce samedi, il y a une mobilisation sur le rond-point où a été assassiné mon frère, à 15 heures. Il va falloir qu’on soit des milliers à se lever. »
« La part de culpabilité que je porte, elle est énorme », a-t-il poursuivi. Mais pour Amine Kessaci, « il ne s’agit pas d’un crime d’avertissement ». « Parce qu’un avertissement, on peut y remédier après, on peut faire quelque chose, a-t-il jugé. Aujourd’hui, le sang a coulé, j’ai enterré mon frère hier. Il ne s’agit pas d’un crime d’avertissement, il s’agit d’un crime, un crime politique, un crime de lâches qui ont assassiné un jeune innocent. »
L’association qu’il a fondée, Conscience, pour venir en aide aux familles de victimes de « narchomicides », a appelé à les rejoindre pour « une marche blanche silencieuse » samedi pour soutenir la famille. « N’ayez pas peur », a également lancé mercredi le maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan, à ses administrés, assurant que les narcotrafiquants, « cette mafia », « ne nous feront pas taire », dans une interview à l’Agence France-Presse (AFP).
« Unité nationale »
« La réponse qui doit être apportée, d’abord, c’est une forme d’unité nationale, a assuré M. Payan. C’est aussi dire à ces gens qui ont commis cet assassinat que nous n’avons pas peur d’eux, qu’ils ne nous font pas peur, que nous leur mènerons la guerre et que nous la gagnerons sur tous les fronts. » Les patrons du Parti socialiste, Olivier Faure, et des Verts, Marine Tondelier, ont déjà annoncé leur présence.
Près d’une semaine après l’assassinat de Mehdi Kessaci, la lutte contre le narcotrafic et ses manquements domine le débat public. Le président Emmanuel Macron a fustigé mercredi les « bourgeois des centres-villes » qui financent « parfois » le narcotrafic, selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.
Le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, et son homologue de la justice, Gérald Darmanin, se rendront jeudi à Marseille, sur demande du chef de l’Etat. Emmanuel Macron avait appelé mardi à « amplifier » la lutte contre le narcotrafic en adoptant la même approche que pour « le terrorisme », à l’issue d’une réunion d’urgence à l’Elysée sur le sujet.
Protection policière
Le garde des sceaux a annoncé mercredi, sur X, avoir réclamé aux Emirats l’extradition d’« une quinzaine » de narcotrafiquants présumés « particulièrement signalés » recherchés par la France. Des figures de premier plan du narcotrafic en France se sont installées à Dubaï, où elles se sont parfois constitué d’importants patrimoines immobiliers.
Dans une tribune au Monde, Amine Kessaci avait précisé avoir été obligé par la police de quitter Marseille en août, tout en regrettant que la protection policière qui lui a été accordée n’ait pas été étendue à ses proches. « Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang ? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ? »
Une allusion directe à l’assassinat de son grand frère Brahim en 2020, alors âgé de 22 ans, dans un règlement de comptes lié au trafic de drogue. Son frère Mehdi, qui voulait devenir policier, était totalement étranger aux trafics.
