

Les membres du premier Parlement de l’ère post-Al-Assad désignés dimanche en Syrie ne comptent qu’une très faible proportion de femmes et de représentants des minorités, selon les résultats de cette consultation, critiquée pour son manque de démocratie, annoncés lundi 6 octobre.
Les deux tiers des 210 membres du Parlement ont été désignés par des comités locaux formés par la commission électorale, nommée par le président intérimaire Ahmed Al-Charaa. Le président doit lui-même désigner les 70 députés restants.
Deux provinces du nord-est de la Syrie, sous contrôle des Kurdes, ainsi que celle à majorité druze de Souweïda, dans le Sud, théâtre de récentes violences, ont été exclues du processus pour des raisons de sécurité.
Selon les résultats annoncés par le porte-parole de la commission, Nawar Najmeh, les femmes ne représentent que 4 % des parlementaires, tandis que les chrétiens obtiennent seulement deux sièges. Le seul candidat juif n’a pas été élu.
« Déséquilibre »
Interrogé sur la représentation des minorités, M. Najmeh a reconnu un « déséquilibre » : « la composante chrétienne ne dispose que de deux sièges, une représentation faible au regard de sa proportion dans la population syrienne », a-t-il dit.
« La place des femmes dans ce Parlement ne reflète pas leur rôle dans la société syrienne ni dans la vie politique, économique et sociale », a-t-il ajouté.
Il a toutefois mentionné que les nominations à venir, par le président, des 70 députés restants « pourrait compenser » la sous-représentation de « certaines composantes [de la population] ».
Le nouveau Parlement doit tenir sa première séance dans les prochains jours, alors que plusieurs organisations de défense des droits humains estiment que ce processus équivaut à une « nomination » décidée par Ahmed Al-Charaa.
Des juristes ont dénoncé les larges prérogatives accordées au président intérimaire pour composer l’assemblée, chargée de proposer et d’amender les lois, d’approuver les traités internationaux et d’adopter le budget de l’Etat.
Les nouvelles autorités ont dissous l’Assemblée du peuple, simple chambre d’enregistrement du pouvoir sous le clan Al-Assad pendant des décennies.
Le mécanisme de formation du Parlement a aussi suscité des critiques, notamment dans le Nord-Est, où l’administration autonome kurde conteste le partage des pouvoirs orchestré par Damas, et à Souweïda, théâtre en juillet de violences ayant fait plus de 1 600 morts, majoritairement druzes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.