vendredi, septembre 26FRANCE

Le Royaume-Uni veut créer une carte d’identité numérique pour nationaux et résidents

| 2 014


Le premier ministre britannique, Keir Starmer, à Chequers (Grande-Bretagne), le 18 septembre 2025.

Petite révolution dans un pays longtemps rétif aux contrôles d’identité : le Royaume-Uni va introduire une carte d’identité numérique pour les nationaux et résidents dans le pays, a annoncé, vendredi 26 septembre, le gouvernement, qui le présente comme un moyen de lutter contre l’immigration irrégulière.

Ce document, qui n’aura pas de support solide mais sera stocké sur les téléphones portables, « rendra le travail illégal plus difficile dans le pays » et « offrira également de nombreux avantages aux citoyens, comme la possibilité de prouver leur identité pour accéder rapidement à des services essentiels », a déclaré le premier ministre travailliste, Keir Starmer, dans un communiqué. Il devrait selon le gouvernement devenir « obligatoire afin de prouver son droit à travailler » dans le pays d’ici à la fin de la législature, soit 2029.

Il n’existe pas au Royaume-Uni de carte nationale d’identité telle que délivrée en France, et l’introduction d’un tel titre fait débat dans le pays depuis des années. En 2024, l’obligation pour la première fois lors d’un scrutin local en Angleterre de montrer une pièce d’identité avec photo − passeport, permis de conduire, carte de bus pour les seniors… − avait suscité une opposition féroce. Selon le dispositif prévu par le gouvernement, les titulaires de ce nouveau titre numérique n’auront pas besoin de l’avoir en permanence sur eux et ne pourront pas se voir demander de le présenter.

« Combattre les réseaux criminels »

Depuis son arrivée au pouvoir, en juillet 2024, Keir Starmer multiplie les mesures pour lutter contre l’immigration irrégulière et cible particulièrement le travail illégal. Ce plan « combattra les réseaux criminels qui promettent un accès au marché du travail britannique afin de profiter des traversées dangereuses et illégales de la Manche », insiste Downing Street dans son communiqué.

Une consultation publique sera lancée d’ici à la fin de l’année sur la manière de déployer le système, en particulier parmi les populations marginalisées ou éloignées du numérique, comme les sans-abri ou les personnes âgées. Le gouvernement assure que le système utilisera une technologie de « cryptage de pointe » afin de garantir la sécurité des données conservées.

La création d’une carte d’identité avait déjà été tentée au début des années 2000, avec une loi présentée par le gouvernement du travailliste Tony Blair et votée en 2006. Mais le texte avait été révoqué en 2011 par son successeur conservateur.

Inquiétudes sur la sécurité des données

Vendredi, la cheffe de l’opposition conservatrice, Kemi Badenoch, a fustigé sur X le projet de Keir Starmer. « Les conservateurs s’opposeront à toute tentative (…) d’imposer une carte d’identité obligatoire aux citoyens honnêtes », a-t-elle affirmé. « Nous ne soutiendrons aucun système qui serait obligatoire pour les Britanniques ou qui priverait ceux d’entre nous qui choisissent de ne pas l’utiliser de leurs droits de citoyenneté », a-t-elle ajouté.

Quelque 57 % des Britanniques soutiennent l’instauration d’un titre d’identité, selon un sondage réalisé en juillet par l’institut Ipsos, mais ce soutien tombe à 38 % pour un titre numérique, notamment en raison d’inquiétudes sur la sécurité des données. Une pétition lancée en juin sur le site du Parlement pour s’opposer à la création d’un titre d’identité numérique a déjà reçu plus de 665 000 signatures et leur nombre croissait très rapidement vendredi matin.

Le Monde avec AFP



Source link